Les vélofiacres

On se rappelle le projet conçu par la Compagnie générale des cycles de doter Paris d’un service de vélocipèdes de place auxquels Louis Minart attribua par avance le nom de vélofiacres. Par suite de difficultés de toutes sortes survenues en cours d’exécution des nouveaux instruments de transport, il ne fut pas donné suite à l’idée ou du moins la réalisation en fut ajournée à une époque indéterminée.

Voici que le projet de M. Petit semble revenir sur l’eau. En effet, le Conseil municipal de Paris vient d’être saisi de trois demandes tendant :

1º A l’établissement d’un service de transport à domicile des petits colis à destination de Paris et de la banlieue, au moyen de cyclistes.

2º Au stationnement sur un certain nombre d’emplacements de messagers munis de bicyclettes à la disposition du public à raison de 0 fr. 75 pour une course simple, 1 fr. 25 pour une course aller et retour ;

3º A la création d’un service de commissionnaires cyclistes, moyennant une redevance de 10 francs par machine et par mois payée à la ville de Paris.. Remarquons que le premier de ces projets a été déjà mis en exécution, il y a quelques années, à Paris même :
un concessionnaire s’était chargé, pour le ministère des postes et télégraphes, du transport à domicile dans Paris des colis postaux. Les messagers étaient montés sur des tricycles porteurs d’un modèle nouveau. La machine et l’uniforme assez coquet des livreurs attirèrent l’attention, mais l’entreprise fit le fiasco le plus complet. Les tricycles étaient de qualité inférieure et se détraquérent rapidement. Quant aux messagers, ils ignoraient jusqu’aux premiers principes du cyclisme et les accidents furent si nombreux qu’on dut renoncer à ce mode original et pratique de transport. Les tricycles furent remplacés par de petites voitures à caisses jaunes, attelées d’un cheval, qui circulent encore, croyons-nous, dans nos rues. Espérons que la nouvelle entreprise fera mieux les choses... et ses affaires.

La Bicyclette 1893