Randonnées stéphanoises (1902)
mercredi 22 mai 2024, par
Dans LE CYCLISTE, Année 1902, reparu en mai 1952, coll. pers.
EXCURSION DU 27 AVRIL
L’excursion du 27 avril avait pour but Panissiêres, Tarare, Saint-Symphoryen-de-Lay, L’Hôpital, Neulise, la Digue de Pinay, Saint-Germain-Laval, Boën, Montrond, Saint-Etienne ; parcours de 205 kilomètres, très accidenté. L’ont effectué de bout en bout, en une petite journée, quatre cyclotouristes ; dont une jeune cyclettiste, qui s’en est tirée avec une facilité surprenante, bien faite pour démontrer aux esprits les plus prévenus que le cyclotourisme, malgré toutes ses difficultés prévues ou imprévues, est accessible aux femmes qui, somme toute, échappant encore aux funestes effets de l’alcool et du tabac sur l’organisme, ont une endurance supérieure à celle de la plupart des hommes.
Or, les difficultés de l’itinéraire choisi ont été sérieuses ; boue atroce sur plusieurs points et notamment de Salt-en-Donzy à Panissières, montées de Sait au col de la Croix-de-Signy, de Tarare à Pain-Bouchain, de l’Hôpital à Neulise, de la digue de Pinay à Saint-Georges-de-Baroilles, représentant une élévation totale de 1.600 à 1.800 mètres, vent contraire et pluie au retour. Il y avait de quoi lasser bien des cyclistes du sexe fort qui en sont réduits pour ne pas s’avouer inférieurs, à railler l’énergie du sexe faible. Il leur serait pourtant si facile, en renonçant aux intoxications quotidiennes par le tabac, l’alcool et l’alimentation carnée, de reconquérir leur supériorité physique !
Toutes les régions traversées par l’itinéraire ci-dessus sont, à cette époque de l’année, ravissantes. Mais l’on est particulièrement impressionné par la belle descente sur Tarare et par le passage de la Loire entre Pinay et Saint-Georges. De la route, on domine les gorges sur une étendue de plusieurs Kilomètres, et la Loire, très grosse en ce moment, anime vigoureusement le paysage, d’ailleurs fort pittoresque. C’est une promenade à refaire et elle sera plus complète si l’on pousse une pointe jusqu’au château de La Roche par le chemin de halage.
EXCURSION DOMINICALE DU 4 MAI
1er groupe, départ de La Digonnière (octroi) à 4 heures, Saint-Genest-Malifaux. Montfaucon. Saint-Agrève. Le Cheylard, Beauchastel, Saint-Péray. Tournon, Givors. Environ 250 kilomètres.
2nd groupe, départ des bureaux du Cycliste à 6 heures, Fontanès, Saint -Symphorien-sur-Coise. Izeron, Tassin, Brignais, Rive-de-Gier. Environ 120 kilomètres.
Les excursions de dimanche dernier ont été un peu mouillées mais n’en ont pas été pour cela moins agréables. Le 2° groupe comprenait cinq excursionnistes dont deux dames : l’itinéraire indiqué par Fôntanès. Izeron, Tassin et Rive-de-Gier a été suivi exactement et les sites traversés, quoique très connus, ont été fort appréciés : les routes étaient plutôt médiocres, par suite de la persistance du mauvais temps.
Petit déjeuner à Fontanes, déjeuner végétarien aux Délices, près Charbonnières. inutile de dire que les 120 kilomètres du parcours n’ont laissés aucune trace de fatigue chez les cinq promeneurs.
Le 1er groupe s’en est tiré avec 235 kilomètres, 3.100-mètres d’élévation (presque l’étape du prochain concours du T.C.F.), deux averses sérieuses et des routes effroyablement boueuses sur de nombreux points du parcours, notamment entre Riotord et Pontforie, Montfaucon et Tence à l’aller, Andance et St-Marcel-les-Annonay, la traversée des Grands-Bois au retour. L’horaire s’est ressenti de ces difficultés et les six cyclotouristes, parmi lesquels Mad Symour, notre vaillante collaboratrice, qui composaient ce groupe, partis à 4 heures, ne sont rentrés qu’à 24 heures, sans fatigue anormale à la vérité. À 7 heures on prenait le petit déjeuné à Montfaucon, on s’arrêtait un instant à St-Agrève pour descendre à toute allure au Cheylard. où l’on arrivait à on ?e et cmart. Au lieu de continuer à descendre sur Beauchastel on se décidait à revenir déjeuner à Lamastre par le col des Nonières, afin d’avoir pour l’après-midi la belle descente sur Tournon.
De Tournon, à 16 heures et quart, on se mettait en devoir de remonter le Rhône Jusqu’à Givors, mais à Andance May Symour, que la plaine monotone ennuyait, demandait à revenir par la montagne ; on soupait de 20 à 21 heures a Bourg-Argental et, à la lueur d’une modeste lanterne, on grimpait en pleine nuit noire au col du Grand-Bois d’où l’on redescendait piano piano sur St-Etienne.
Voilà un tour que nous recommandons aux cyclistes qui aiment à trouver réunis, sur un parcours relativement court, de grandes beautés naturelles et des paysages variés. Le moment est admirablement choisi pour visiter la haute Ardèche, les eaux y sont très abondantes, les arbres parés de toutes les nuances de vert, depuis le vert tendre des pousses nouvelles jusqu’au vert sombre des sapins. Il est impossible de choisir parmi les sites traversés par cet itinéraire de 235 kilomètres ; cependant, les plus appréciés ont été les gorges de l’Erieux, de leur début au débouché du plateau de Saint-Agrève, jusqu’au Cheylard, et les gorges du Doux dans la partie comprise entre le Crestet et Tournon. On irait loin pour rencontrer des points de vue aussi prodigieusement pittoresques. Et penser que tant de touristes Stéphanois et Lyonnais ne les connaissent pas encore ! L’Ardèche est un merveilleux département pour les cyclotouristes qui aiment la montagne, mais la France est décidément ce que, nous Français, nous connaissons le moins. La dépense par tête s’est élevée à 6 francs, soit 2 centimes et demi par kilomètre. Nous n’avons rencontré quelques cyclistes que sur les bords du Rhône ; partout ailleurs ni cycles ni automobiles, on dirait que les hautes altitudes les repoussent.
EXCURSION DE L’ASCENSION
Départ de la Digonnière (octroi) à 4 heures et demie : col des Grands-Bois, Andance, St-Vallier, remontée de la vallée de la Galaure, Le Grand-Serre, abbaye de Saint-Antoine, Beau-repaire, Vienne, Givors, Rive-de-Gier, rentrée par le train. Environ 200 kilomètres.
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Malgré des menaces continuelles et des pluies qui durent, parfois toute la semaine, nos sorties dominicales ont pu, jusqu’à présent, s’effectuer sans difficultés sérieuses. Celle de l’Ascension a pourtant été trop contrariée par le vent et par un accident (jante en bois éclatée, par suite de la gelée, en pleine descente), heureusement sans conséquence grave pour la cyclettiste qui en a été la victime, pour qu’on ait pu aller plus loin que Le Grand-Serre.
La visite à l’abbaye de Saint-Antoine a été renvoyée à plus tard.
En deux groupes de six cyclistes ou cyclettistes, l’École Stéphanoise s’ébranlait à 4 h. 1/2 et à 6 heures pour franchir le col des Grands-Bois où il gelait à pierre fendre et où ont passé, avant 9 heures du matin, 18 cyclistes stéphanois. Qu’on ne vienne plus nous dire que la montagne nous effraie. Le premier groupe, amputé de deux membres par l’accident en question, s’augmentait en route de deux Annonéens et de trois Lyonnais, déjeunant copieusement au Grand-Serre et revenait, par Beau repaire et Vienne, à Givors (cent cinquante kilomètres) où il retrouvait les deux retardataires descendus à Sarras par la route de la Cance, charmante quoiqu’un tantinet dangereuse et valant la peine qu’on en fasse un but de promenade. On revoyait, en passant à Bana, le 2° groupe qui, descendu par Saint-Julien et Malleval et n’ayant que 90 kilomètres dans les jambes, éprouvait le besoin de souper avant de rentrer !