LA LOUVESC — SARRAS — LYON (1899)
mercredi 22 mai 2024, par
Par Paul de Vivie alias Le Cycliste, 1899, p.114-117, Source Archives départementales de la Loire, cote PER1328
Quand on a goûté de la haute montagne il est impossible de n’y pas retourner et je ne fis pas de difficulté pour, huit jours après La Chaise-Dieu, me joindre à deux de mes amis qui avaient projeté une visite à La Louvesc, lieu de pèlerinage consacré à saint François-Régis et assez en renom dans noire région. L’itinéraire de la journée ne comportait pas moins de 180 à 190 kilomètres, dont la première moitié en montagne et le reste en plaine.
Nous étions tous munis de bicyclettes à plusieurs développements proportionnés à nos forces respectives et nous prîmes, naturellement, les plus faibles (2m,80, 3m,30 et 4m,20), pour gravir la rampe de Planfoy et de Saint-Genest-Malifaux et nous élever, en 9 kilomètres, de 500 mètres environ ; au sommet de la montée, comme nous avions à descendre plus qu’à monter jusqu’à Pont-Faurie, nous nous mîmes respectivement à 5 mètres, 4m,40 et 5m,80 et je me trouvais le moins multiplié des trois, ce qui me fut, je crois, plus utile que préjudiciable à cause de quelques raidillons assez longs entre Saint-Genest et Marlhes, puis entre Marlhes et Riotord, et me permit de prendre quelque avance que je ne perdis qu’à la descente douce de Riotord à Pont-Faurie. Je note en passant ce détail, pour montrer que pour peu qu’une route soit accidentée, on en vient plus vite à bout avec une multiplication plutôt faible (4m,40) malgré l’avantage qu’une multiplication plutôt forte (5 mètres et 5m,80) donne pendant les descentes à faible pente. Quand on est limité comme temps et qu’on tient à parcourir et à voir beaucoup dans sa journée, il faut évidemment adopter la manière de voyager la plus rapide et la moins fatigante ; c’est ce que font bien peu de cyclistes.
Partis à 4 h. 15 des bureaux du Cycliste, nous déjeunions à Marlhes de 6 heures à 6 h. 45 et nous nous retrouvions ensemble à Pont-Faurie à 7 h. ½ ; en voyageant en compagnie, on ne peut pas avoir la prétention d’aller aussi vite que lorsqu’on voyage seul ; la vitesse de marche est réglée par le moins rapide marcheur, les causes d’arrêt sont multipliées par le nombre des voyageurs et l’on peut estimer le ralentissement à 10 ou 15 % de la vitesse du meilleur marcheur. Si j’avais à organiser et à diriger des excursions à fortes étapes, sortes de raids vélocipédiques de 150 à 200 kilomètres par jour, je fixerais des haltes afin de permettre aux retardataires de rallier le gros de la colonne et de ne point laisser l’avant-garde prendre une trop grande avance, mais le temps de ces haltes serait limité et l’on n’attendrait pas indéfiniment ; ce serait tant pis pour les traînards. On peut évidemment nier le charme et l’intérêt de telles randonnées où l’on n’a pas même, dira-t-on, le temps de noter le nom des villages traversés ; à quoi j’objecterai que lorsqu’on se met en route de grand matin, avec l’intention de rentrer fort tard, afin d’absorber la plus grande quantité possible d’oxygène, en se promenant par monts et par vaux, ce serait une grande sottise que d’aller s’enfermer pendant des heures dans la salle enfumée d’une auberge de campagne, et qu’il vaut bien mieux rouler encore et pédaler toujours sans se fatiguer, bien entendu, plus que de raison. Or, quand la selle ne blesse pas, que l’estomac est convenablement sustenté et que l’effort sur la pédale ne dépasse pas 10 kilos, on peut pédaler indéfiniment sans se fatiguer et l’on n’est arrêté que par le besoin de sommeil qui ne se reproduit qu’à de longs intervalles. On traverse ainsi tantôt rapidement, tantôt nonchalamment, des paysages très variés, kaléidoscope vivant dont les mille tableaux pénètrent par les yeux dans la pensée et vont ensuite se fixer embellis, amplifiés, idéalisés, dans l’imagination.
De Pont-Faurie à Malataverne, rampe moyenne que nous gravissons avec nos plus faibles multiplications, puis 2 ou 3 kilomètres de bon chemin plat qui nous amènent à la grande route de Montfaucon à Saint-Bonnet-le-Froid. Jusque-là le sol n’a pas été trop mauvais, mais nous allons, jusqu’à Satillieu, en voir de cruelles !
Non, il ne devrait pas être permis, dans un pays civilisé, de laisser des routes dans cet état, et tout particulier devrait avoir le droit de contraindre les Ponts et Chaussées, au besoin par devant les Tribunaux, de remettre et de maintenir en état carrossable au moins tout ce qui est route nationale et départementale et de leur réclamer des dommages et intérêts pour le préjudice causé. On a, paraît-il, ce droit en Angleterre et quoique les routes dans ce pays ne vaillent pas nos belles routes du Forez, on n’y voit pas des passages comme ceux de La Louvesc à Satillieu.
Nous débutons sur cette mauvaise route de Montfaucon par deux raidillons consécutifs, pimentés qui nous conduisent à un poteau indicateur, lequel nous apprend que Firminy — pourquoi Firminy ? — est à 30 ou 35 kilomètres de ce lieu sauvage. Un abonné du Cycliste me signalait récemment cette bizarrerie des Ponts et Chaussées qui consiste à mettre sur leurs poteaux des localités d’importance secondaire, ou même des noms de hameau très éloignés, alors qu’il serait plus rationnel d’y placer les noms des localités voisines ou des villes importantes à 10 ou 15 lieues à la ronde ; il m’importe peu de savoir que La Cambuse, par exemple, est à 45 kilomètres. Un touriste novice, se laissant prendre à cette indication, fera force de pédales pour arriver avant la nuit à ce lieu qu’il croit important puisqu’on l’annonce 45 kilomètres à l’avance, et il y trouvera quelques vieilles masures inhabitables sur un sommet ou à un croisement de routes ouvert à tous les vents. On dirait, ma parole, que les indications des poteaux et des bornes ne sont là que pour faciliter le service de ces messieurs des Ponts et Chaussées et non pour renseigner utilement les voyageurs.
La route, si l’on peut appeler ainsi les tas et les trous de sable à travers lesquels nous naviguons avec force ressauts et cahots, descend assez longtemps, puis remonte et redescend et ainsi de suite jusqu’à Saint-Bonnet-le-Froid, on se trouve constamment sur un plateau très fortement ondulé et l’on domine parfois un enchevêtrement de collines boisées qui forment un ensemble digne d’être vu. Peu avant d’arriver à Saint-Bonnet, nous découvrons, cachée dans un nid de verdure, une villa qui paraîtrait chaumière auprès des châteaux du Forez, mais qui paraît château auprès des humbles masures de cette pauvre région et qui nous laisse une impression de paix, de calme, de vie dormante. C’est drôle de passer ainsi à vol d’oiseau à travers des sites inconnus et qu’on ne reverra peut-être jamais, et d’en recevoir, comme coups de flèche, des impressions durables qui se poétisent en vieillissant. On ne voyagerait que pour cela, que ce serait presque suffisant.
Saint-Bonnet-le-Froid, en hiver, doit être un pays de loup où l’on ne passe qu’à son corps défendant ; mais sous le beau soleil du 11 juin dernier, pendant que les habitants l’ornent de fleurs et de feuillage pour le passage de la procession, son aspect est plutôt agréable, et puis le beurre et le lait y sont très bons ; nous en faisons l’expérience en y redéjeunant à 9 heures, à bon compte, en vérité. D’après mes prévisions nous aurions dû être à cette heure-là à La Louvesc même et j’estimais que malgré les montées et le mauvais état de la route on pourrait en partant de Saint-Étienne à 3 heures du matin être à La Louvesc à 8 heures et de retour à Saint-Étienne à midi. Ce n’est peut-être pas impossible, mais ce serait dur et il ne faudrait pas perdre une minute.
On quitte Saint-Bonnet par la route qui suit la Cance jusqu’à Annonay et qu’on regrette de laisser à gauche pour enfiler le mauvais petit chemin qui conduit à La Louvesc, étroit, raviné, sablonneux, peu ou point ombragé, détestable en un mot, en tant que chemin, mais entouré de points de vue si admirables autant à gauche sur la vallée de la Cance où l’on suit longtemps des yeux la route d’Annonay, qu’à droite sur des pentes abruptes et des gorges étroites et profondes d’un caractère tout particulier. D’immenses champs de genêts embaument l’air et les pins en bourgeons nous encensent de leur hygiénique senteur. Tout d’abord la route n’est pas très pénible mais bientôt l’on attrape une montée de plusieurs kilomètres, qui par des tours et des détours nous conduit à une belle altitude, dans les 1.300 mètres. L’endroit est sauvage, une ferme isolée est là cependant et non loin une source abondante canalisée jaillit au bord de la route. Excellente occasion dont nous profitons pour nous rafraîchir par d’abondantes ablutions. La descente définitive et ininterrompue jusque sur les bords du Rhône commence peu après ; nous rencontrons un des nombreux omnibus qui amènent à La Louvesc et en ramènent les pèlerins ; trois forts chevaux le hissent péniblement bien que la plupart des voyageurs soient descendus ; c’est pour ces pauvres bêtes un dur service que celui de La Louvesc ? de quelque côté qu’on y vienne il faut grimper rudement et par des chemins qui doivent être encore plus terribles pour les voitures que pour les bicyclettes. Les motocycles et les automobiles s’en verraient de cruelles si jamais l’on organisait une course en l’honneur de saint François-Régis.
Avec de la patience on vient à bout de tout et nous entrons enfin à La Louvesc à 10 h. ¼. Les pèlerins n’y sont pas encore en grand nombre, la saison ne se faisant généralement qu’en juillet, août et septembre ; pourtant l’église très riche est pleine comme un œuf, l’on ne voit dans les rues qu’étalages d’objets de piété et déjà les mendiants harcèlent les passants ; nous entrons dans la chapelle consacrée à saint François, encombrée de béquilles et tapissée d’ex-voto ; on la répare et d’humble qu’elle était à l’origine elle va devenir opulente. Tout se transforme et l’on ne se contente plus d’être, on veut paraître.
À onze heures moins le quart, notre curiosité satisfaite, malgré l’invitation d’une aimable hôtesse qui voudrait nous voir déjeuner à La Louvesc, nous nous dirigeons sur Satillieu (12 kilom.) où nous devons nous séparer, mes deux compagnons rentrant à Saint-Étienne par Annonay.
Ces douze kilomètres en pente assez accentuée et que je comptais faire avec le développement de 6 mètres sans aucune peine ont été au contraire aussi fatigants qu’une montée, tellement il était pénible d’éviter, dans l’épaisse couche de poussière qui tient lieu de route, le dérapage de la roue motrice qu’à chaque instant je sentais se dérober sous moi ; les bras m’en font encore mal. Joignez à cela les nuages de poussière que le vent nous envoyait dans les yeux, la chaleur accablante, le danger des coudes brusques, des rencontres de voitures, rares heureusement, qui m’obligeaient quelquefois à mettre pied à terre, du côtoiement incessant du précipice, et vous comprendrez avec quel soulagement nous entrâmes à midi et demi dans Satillieu, où mes amis déjeunèrent, copieusement, parait-il, et à un prix très modéré. Quant à moi, je continuai à descendre sur Sarras, route peu intéressante jusqu’à Arboix, village moyenâgeux commandant l’entrée des gorges abruptes qui descendent dans la vallée du Rhône. Des masses de terrains rocailleux calcinés par le soleil, dénudés, d’aspect farouche, çà et là couronnés de pans de murailles branlantes, vestiges menaçants et dangereux encore pour les passants, des repaires fortifiés d’où, sous le régime féodal, de véritables bandits s’élançaient sur les voyageurs et les rançonnaient à qui mieux mieux. La route serpente à flanc de rocher dominant presque à pic le lit d’un torrent qui pour l’instant est pour ainsi dire à sec, mais qui doit rugir formidablement à l’époque des grandes eaux. Elle est bien étroite cette route, bien caillouteuse, faiblement entretenue, très peu fréquentée et grillée par le soleil, mais elle a été sagement tracée et la pente en est douce.
Sarras est un village qui ressemble à Andance, à Ampuis, à tous les gros bourgs et à toutes les petites villes échelonnées sur la rive droite du Rhône ; c’est blanc, c’est coquet, c’est chaud ; la vigne tapisse les coteaux et les arbres à fruits, cerisiers, pêchers et abricotiers principalement, enverdurent l’étroite langue de terrain plat qui va du pied de la montagne aux sables du fleuve.
À Sarras où j’arrivai à I heure et demie avec 6 mètres de développement finit la partie réellement intéressante de l’excursion et si je n’avais une véritable répugnance à confier ma monture au grand frère je pourrais sans regrets pour le pittoresque prendre le train ; mais il faut que je sois bien fatigué ou bien loin de mon home pour en venir à cette extrémité qui augmente du reste sensiblement le coût d’une excursion ; or, je tiens à démontrer par le fait que la bicyclette non seulement permet d’embrasser dans une excursion dominicale une aussi vaste étendue de terrain que l’automobile mais encore qu’elle passe partout plus facilement et enfin que le prix de revient du kilomètre est, grâce à elle, pour ainsi dire nul, faut-il ajouter : surtout lorsqu’on est végétarien ?
Mon Dieu, oui, il faut l’ajouter, car l’abstention radicale de toute boisson fermentée, vin compris, de viande et même de poisson, non seulement réduit à presque rien les dépenses de bouche, mais encore donne la force, l’endurance nécessaire pour augmenter le kilométrage de la journée, double réduction du prix du kilomètre.
Quoique monotone, la route n’est cependant pas dénuée de tout intérêt et comme on se trouve en plein dans les régions fréquentées par les cyclistes, les occasions de faire des observations amusantes ou utiles ne manquent pas.
Je comptais revenir jusqu’à Lyon avec le développement de 6 mètres, mais la violence croissante du vent du nord qui me soufflait en plein visage me fit bientôt comprendre qu’il serait plus sage de baisser d’un cran ; avant même d’être à Andance j’avais pris 4m,40 et, chose qui paraîtra bizarre aux toqués des orgueilleuses foulées de 7 mètres, mon allure s’en était augmentée.
En chiffres ronds, d’après le guide Baroncelli, 90 kilomètres séparent Sarras de Lyon-Brotteaux où je tenais à arriver à 7 heures au plus tard ; il fallait donc, en défalquant une heure pour les arrêts inévitables que réclamerait messer Gaster, marcher à 20 kilomètres à l’heure. Je ne passais pourtant à Serrières qu’à 2 h. 30 et fis une première halte un peu plus loin, à Limony, où j’absorbai en un quart d’heure un gâteau acheté à La Louvesc et une bouteille de limonade. J’eus la chance, au moment où j’en repartais, d’être rejoint par un jeune cycliste de Vienne, qui développait 6m,60 et que mes batteries de pignons accouplés intriguaient fort. Quand il sut que j’avais 7m,50 à ma disposition, il s’étonna fort de voir que je ne m’en servais pas et que je préférais tricotter avec 4m,40 ; je lui expliquai le secret des faibles multiplications et lui demandai s’il montait quelquefois au Pilat. Jamais ! ses amis et lui allaient à fond de train de Vienne à Serrières ou même à Valence, et revenaient par le P.-L.-M. quand le vent était contraire comme ce jour-là.
Tout en causant, nous marchions bon train, le gaillard aurait eu du plaisir à me lâcher et je n’étais pas d’humeur à me laisser faire ; avant Saint-Pierre-de-Bœuf une faible rampe se présente, rendue dure par le vent, mon compagnon couche sur le guidon, son corps fluet qu’il balance peu gracieusement de droite à gauche et de gauche à droite, mais il n’avance guère, je prends quelque avance qu’il rattrape très vite à la descente et le même jeu se renouvelle à chaque montée.
Il commence à comprendre que les petites multiplications ont du bon et que telles circonstances peuvent se présenter où l’on avance plus avec 4m,40 qu’avec 6m,60. Malheureusement, pour le succès de la démonstration les montées sont trop courtes ou trop faibles et le vent n’est pas assez fort. Ainsi stimulés, nous franchissons, en une heure, 25 kilomètres, de Limony à Sainte-Colombe, où je me sépare de ce bon jeune homme, prototype des neuf dixièmes des cyclistes de France. Cette tout de même trop vive allure m’avait échauffé outre mesure et j’éprouvais le besoin de m’asperger d’eau fraîche avant d’arriver à Givors, il me semble qu’on se désaltère mieux en se mouillant les bras, le visage et le cou qu’en absorbant des masses de liquide ; encore une vérité qu’on fera difficilement admettre par ceux qui ont du plaisir à boire.
À 5 heures je suis à Givors et me sentant en avance sur mon horaire je diminue le train et fais une troisième halte entre Vernaison et Irigny, du café et du pain, léger acompte sur le repas du soir ; un estomac végétarien se contente de peu et ce peu lui suffit néanmoins parce qu’il en tire, par une bonne digestion, tous les principes nutritifs assimilables, tandis que, surchargé de victuailles, l’estomac d’un mangeur de viande peut suffire à sa tâche et expose à la fringale cruelle trois heures après qu’il s’est gavé comme une dinde.
J’ai eu le plaisir de suivre un instant, après Vernaison, un vigoureux cycliste traînant sur une voiturette une dame âgée, pas bien lourde certainement, mais la route offre çà et là quelques montées et la multiplication m’a paru être de 6 mètres environ, ce qui était vraiment trop fort pour une telle besogne.
Cela m’intéressait d’autant plus que j’ai moi-même, il y a quelque temps, emmené sur une voiturette, de Saint-Étienne à Lyon, un voyageur pesant 65 kilos ; la distance parcourue fut exactement de 60 kilomètres et le temps 4 heures 15, déduction faite d’un arrêt de demi-heure à moitié chemin ; la voiturette pesait 8 kilos et le bagage 5 kilos ; poids total transporté : 78 kilos. Ce n’est pas la mer à boire, à la condition d’avoir plusieurs développements à son service ; or, j’avais pris pour cette circonstance 6 mètres de Saint-Étienne à Givors, et 4m,40 de Givors à Lyon, sauf entre les bornes 12 et 9 avant et après Vernaison où, pour enlever quand même quelques raidillons, je me mis à 3 mètres.
Mon plus grand travail fut la grimpette de Grigny à la Tour de Millery avec 4m,40, du 5 % environ avec léger vent contraire ; la pression sur la pédale fut, dans cette circonstance (poids total, 160 kilos, vitesse, 3 mètres à la seconde), de 31 kilos, la montée heureusement n’est pas très longue, 800 mètres environ, mais le sol est mauvais. Mon voyageur fut même, à cette occasion, vivement apostrophé par un conducteur d’hippomobile par un « Eh feignant, tu peux donc pas descendre ! » qui le vexa profondément.
Voilà pourquoi je m’intéressais tout particulièrement au jeune homme qui promenait sa mère en voiturette ; si je n’avais craint d’être indiscret, je lui aurais conseillé de faire adapter à sa machine une deuxième multiplication, mais il donnait un bon exemple et je suis persuadé que l’on verra de plus en plus des voiturettes traînées par des cyclistes lorsqu’on aura appris à tirer parti des machines à développements multiples.
Vélocio