Excursions du “ CYCLISTE ” (mai 1903)

mercredi 22 mai 2024, par velovi

Excursions du “ CYCLISTE ”, Vélocio, Le Cycliste, mai 1903

1 648 kilomètres en mai ont porté à 7.405 kilomètres mon kilométrage depuis le 1er janvier. Rien de sensationnel comme longueur d’étape, si ce n’est pour l’Ascension une excursion dominicale de 370 kilomètres du mercredi soir au vendredi matin, au cours de laquelle nous avons grimpé à bicyclette jusqu’à l’observatoire du mont Ventoux (22 kilom , élévation 1 600 m.). C’est la plus rude montée que j’aie, jusqu’à ce jour, placée à mon actif. Partis à 6 h. et quart de Bédoin, nous sommes arrivés au sommet à 9 heures après un arrêt de quinze minutes au 17 kilomètre, le seul où l’on trouve de l’eau. J’avais 2m,90 et mon compagnon L., qui m’a devancé de 10 minutes, avait 3m,25 ; nos bicyclettes pesaient de 16 à 17 kilos.
Descente en 45 minutes, et, après déjeuner, randonnée jusqu’à Arles puis à Tarascon, une centaine de kilomètres rendus pénibles par la chaleur, plutôt que par l’ascension préalable du Ventoux.
La route à peine débarrassée de la neige qui remplissait encore çà et là les fossés, était loin d’être bonne, et nous nous sommes promis de refaire cette ascension en septembre prochain, époque où le sol tassé est plus roulant. Ce qui rend, au printemps, la marche particulièrement pénible, c’est plutôt la couche mouvante de gravier et de cailloux qui recouvre le sol que la pente.
Que la route soit à peu près convenable et nous ne mettrons probablement pas plus de 2 h. 1/4 pour grimper sans arrêt de Bédoin à l’observatoire.
Il y a des passages particulièrement durs, surtout quand souffle le vent du Nord, même léger ; la ligne droite qui aboutit au col des Tempêtes par exemple, où l’on ne doit pas pouvoir se tenir debout quand le mistral y passe à 38 mètres à la seconde, la plus grande vitesse enregistrée par l’anémomètre.
L’hôtel que M. Vendran a fait construire là-haut à grands frais n’étant pas encore ouvert, nous fûmes accueillis très cordialement par le gardien de l’observatoire qui nous offrit des rafraîchissements dont le besoin se faisait sentir.
De la plateforme qui couronne l’extrême sommet la vue s’étendait sur un immense panorama limité au Sud et à l’Ouest par la brume ; la plaine au-dessous de nous se dessinait avec un relief saisissant. A pareille époque, en 1901, nous étions venus aussi au Ventoux, mais nous avions dû faire à la côte les honneurs du pied pendant 8 ou 10 kilomètres, ç’avait été pénible, et par surcroît un brouillard épais nous avait privés du spectacle inoubliable que nous avons contemplé cette fois pendant une bonne Heure sans nous lasser. C’est pourquoi en 1902 nous nous étions abstenus de revenir, mais quand on a grimpé sans fatigue anormale, et vu, on a trop le désir de regrimper et de revoir pour ne pas revenir au moins une fois par an à Bédoin, et je comprends qu’on ait, comme nos amis A.,., de Beaucaire, et B..., de Marseille, la hantise du Ventoux. Nous redescendons en 45 minutes, confiants dans nos freins sur jante ; il y a deux ou trois lignes droites à 10 % que nous fîmes à la vitesse limite, et pendant lesquelles j’aurais voulu nous voir passer, nous ne devions pas être loin du 50 à l’heure !
Le dimanche suivant, 24 mai, j’allai au Mezenc, et si j’avais pu mettre à exécution le projet que j’avais formé d’aller au Puy-de-Dôme le dimanche précédent, cette semaine de l’Ascension aurait été la bien-nommée ! Sans compter qu’au cours de l’excursion classique dans le Vercors pour la Pentecôte, j’ai fait, le 31 mai, le col vert au-dessus du Villard-de-Lans (1.900 m d’altitude), m’élevant de 850 mètres en 1 h. 25. Qu’on vienne dire après cela que le cyclisme nuit à l’alpinisme ! Ces deux sports se complètent au contraire l’un par l’autre : ils nous font des cuisses et des poumons ; seulement pour grimper au col vert, il m’aurait fallu d’autres chaussures que mes petits souliers de cycliste qui faillirent m abandonner à la descente.

Nos Projets pour le 14 juillet

Notre programme d’excursion « pour » les fêtes du 14 juillet a causé, paraît-il, quelque surprise dans le Landernau cycliste, à tel point qu’un incrédule anonyme n’a pu s’empêcher de prophétiser : Pas un touriste de votre caravane n’arrivera à Bourg-Saint-Maurice le 14 juillet. Pas un ! Ça, par exemple, c’est un peu fort et nous verrons bien. La dernière étape seule pourrait être taxée d’exagérée si nous ne l’avions déjà faite, dans ce qu elle a de difficile, en 1901.
Légèrement modifié, conformément aux avis reçus de différents côtés, voici notre itinéraire définitif :
Concentration le 5 juillet à 20 heures à l’hospice de la Grimsel, où les uns se rendront en partant de Berne, par Interlaken et Meiringen (105 kil. et 1.400 m. d’élévation, les autres en partant de Genève, par Aigle, les Ormont, Zweisimmen, Interlaken et Meiringen (246 kil. et 2.000 m. d’élévation).

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