On trouve dès 1890 des photo-reportages de cyclisme sportif dans la rubrique club photo de Radfahr chronik (du Radfahr Humor) :
En France, La bicyclette publie des photoreportages dès ses premiers numéros de 1892 pour la course Bordeaux-Paris puis la course aux clous Paris Clermont-Ferrand. L’espace pris par les photos concurrence le gris du texte. Le secrétaire de rédaction de ces premiers numéros est le jeune Pierre Lafitte.
Les séries de photos instantanées ne deviennent pas pour autant régulières. Pendant un temps seules quelques photos isolées demeurent employées, parfois en complément avec le dessin.
Leurs conditions de productions (délais, logistique, coûts...) et de réceptions (habitudes et attentes du lectorat, concurrence faite aux illustrateurs ) n’étaient pas encore assez propices lors de ces coups d’essais. A noter tout de même une interview photographique en novembre 1893, dispositif qui avait déjà été utilisé par Nadar la décennie précédente.
Les photos deviennent plus fréquentes dans La bicyclette seulement à partir de 1895, facilitées par la similigravure. La photographie gagne aussi alors les couvertures, remplaçant des unes dessinées.
En Angleterre, une photo instantanée prise le 4 avril 1895 à quelques mètres de l’arrivée du match Harris James éclaire les faits de courses qui menèrent à un grave accident juste après la ligne passée. La presse française (Le vélocipède illustrée et la Bicyclette) republie cette photo avec la conscience du rôle dans l’arbitrage que pourra jouer la photo.
Pierre Lafitte lance en 1898 La vie au grand air. Il innove cette fois pleinement en accordant la mise en page à la prépondérance et à la dynamique de la photographie sportive. Il s’adjoint un directeur artistique, Lucien Faure.
Felix Juven, qui fut propriétaire de La bicyclette en 1895, lance dans la foulée de La vie au grand air un hebdomadaire illustré accordant lui aussi une grande place à la photographie, La vie illustrée. Ce sont les débuts en France des formats magazines [1]. Les deux éditeurs de presse seront directement concurrents lorsque P. Lafitte lancera Excelsior en 1910, un quotidien recourant largement à la photographie, suivi par le lancement du Miroir de Juven.