Les sentiers cyclables des Landes d’Arcachon à Léon

mercredi 27 mars 2024, par velovi

LE CYCLISTE 1937

La publication, dans un numéro récent du Cycliste, d’un itinéraire sur la Gironde, avive mes remords de ne pas avoir encore fait connaitre aux amateurs de solitude, l’existence des sentiers cyclables landais, qui n’ont aucun rapport avec les trottoirs eux aussi cyclables qui, heureusement, sont forts rares dans le Midi.

Depuis très longtemps, les résiniers de la forêt des Landes, de même que les fonctionnaires des Eaux et Forêts, vaquent à leurs occupations à bicyclette. Il semblerait que le sol, presque exclusivement sablonneux de cette région, doive mal se prêter à ce mode de locomotion. Il n’en est rien dans les endroits où les aiguilles de pins ont formé, en s’accumulant, un épais tapis. Là où ce tapis ne s’est pas formé naturellement, c’est-à-dire partout où les arbres sont jeunes, il a fallu y suppléer par l’apport de ces mêmes aiguilles, d’herbes, de genêts séchés, voire de paille, d’où, sans doute, leur nom de « sentiers paillés ».

Je connaissais depuis assez longtemps l’existence de ces sentiers, et j’appréciais le charme que l’on éprouve à froler au passage genêts d’or et bruyères violettes, à voir trotter les jeunes lapins ou... glisser les couleuvres, lorsqu’un beau jour, après quelques mois d’absence, en 1932, je crois bien, je trouvai, à la place des aiguilles brunes, une superbe piste cimentée.

Il s’agissait d’une suite de dalles en ciment, ou peut-être d’éléments coffrés sur place (je ne suis pas technicien !), donnant une largeur de roulement de 40 centimètres environ, avec courbes de grand rayon et pourcentages rarement élevés (avec un vélo très chargé, la largeur est un peu insuffisante, surtout si l’on regarde souvent en arrière, pour voir où en est le reste de l’équipe !) perdait un peu à cette amélioration, mais la commodité y gagnait. Dès lors, comme seuls les grands itinéraires étaient cimentés, on pouvait, sans crainte de s’égarer, entreprendre des explorations au long cours. Il ne faut pas en effet oublier que rien ne ressemble autant à un bois de pins qu’un autre bois de pins, et que, parfois, on parcourt 10 kilomètres dans la forêt landaise, sans rencontrer une maison.. Lorsqu’on est à bicyclette cela n’a pas d’importance, mais à pied, on peut très facilement être obligé de dormir à la belle étoile avant d’arriver.

L’existence de ces pistes connue, je décidai un jour de partir en exploration, avec ma femme, sur l’itinéraire dit des lacs de la Côte d’Argent, d’Arcachon à Léon.

Comme le tronçon que j’avais exploré par hasard se trouvait dans les landes girondines, du côté de Carcans, c’est-à-dire au nord du bassin d’Arcachon, c’est un peu à l’aveuglette que nous nous lançions à la recherche d’un sentier semblable au sud d’Arcachon. Nous pensions cependant qu’un tel sentier devait exister pour réunir entre elles les nombreuses maisons forestières qui bordent la côte Atlantique en cet endroit.

L’itinéraire que nous avons suivi au cours de cette première exploration, me paraissant intéressant, je vais le décrire en détail. Il s’agit d’un parcours d’environ 75 km. de sentiers, passant entre le chapelet des étangs landais et la côte Atlantique. Au début de l’itinéraire, je n’ai pu, malgré plu- sieurs excursions pédestres ultérieures, trouver de traces de la piste cimentée entre le Pyla et la maison forestière de Gaillouneys (voir croquis). J’attribue ce fait à l’existence de très hautes dunes barrant ce passage. On peut par contre rejoindre le sentier quelques kilomètres plus au sud par une autre piste, venant de Cazaux, mais où il n’est pas toujours possible de rouler. En ce qui nous concerne nous avons adopté la solution suivante : aller jusqu’au Pyla par la très jolie route en corniche (au sortir d’Arcachon, choisir l’itinéraire dit du Pare des Abatilles). Au Pyla, abandonner la route et rouler sur la plage. C’est chose très faisable sur cette côte rectiligne et de sol régulier. Il suffit de s’informer de l’heure des marées (sur un calendrier des postes, par exem ple), de façon à éviter de passer à haute mer. A basse mer, on roulera facilement sur la zone cen trale de la plage, à égale distance du sable trés sec et du sable très humide. S’il faut faire un peu de portage ce n’est que plus amusant !

En roulant vers le sud on passera à côté de la Grande Dune du Pyla (hauteur : environ 100 m.) Ascension recommandée, à faire plutôt avant de s’engager sur la plage, à partir du dernier hôtel du Pyla, où on laissera les bicyclettes. Exemple remarquable de dune, impressionnante pente du côté opposé à la mer, très belle vue sur l’entrée du bassin.

Pour atteindre la maison forestière de Gaillouneys, située à moins de 500 mètres à l’intérieur des dunes, il faut escalader celles-ci lorsqu’on es timera être à la distance convenable. Quand nous avons fait le trajet il y avait sur la dune, juste au point où il faut passer, à un endroit où la plage est particulièrement large, des tas de bois et une cabane avec bascule à plateforme, genre poids public. Dans le doute, rouler plutôt trop loin, de façon à dépasser la maison forestière et à trouver ainsi plus sûrement le sentier en s’enfon çant vers l’intérieur des terres.

La piste trouvée, par ce moyen qui nous parait plus pittoresque ou par Cazaux, le trajet est sans histoire jusqu’à Biscarosse. On aboutit sur la route de Biscarosse-ville à Biscarosse-plage. En prenant cette route à droite on trouve cette dernière composée d’un hôtel et de deux ou trois maisons. Pour retrouver la piste il faut rouler pendant
quelques kilomètres sur de route de Biscarosse-ville, en ne perdant pas de vue le côté droit. explorer les sentiers (la plus grosse difficulté pour explorer les sentiers landais, c’est en effet de les découvrir en partant des grandes routes). On aborde alors le plus long tronçon (25 km. environ) par quelques montagnes russes. On longera longtemps une voie ferrée d’exploitation forestière.

Mimizan-plage, d’importance moyenne, possède plusieurs bons hôtels, et l’on peut aussi s’y ravitailler convenablement, ce qui n’est pas le cas à Biscarosse-plage, ni plus loin à Contis.

Si l’on veut avoir une idée des étangs landais, aller jusqu’à celui d’Aureilhan. C’est un des plus petits, mais, de la rive, la vue est assez dégagée.

Pour retrouver la piste, au départ de Mimizan-plage, traverser le Bel-Air sur le pont du chemin de fer, et continuer tout droit. La dernière villa passée, la piste commence, à gauche, dans un petit bois de pins.

Contis-les-Bains, à 15 kilomètres environ, est un village insignifiant, mais on y trouve un bel exemple de courant landais, rivière de peu d’importance, qui glisse avec calme vers la mer, sur des hanes de sable bruns, entre deux berges élevées, an bord desquelles arrive la forêt landaise. Pour jouir du charme de ce coin, il faut traverser le courant sar un pont placé quelques centaines de mètres en amont, pais longer la rive gauche, où se trouvent quelques villas, jusqu’à ce que l’on aperçoive l’embouchure du courant et la mer. Lors d’une seconde sortie en sens inverse, nous avons campé en cet endroit, que je recommande, à condition que l’on s’astreigne à ne pas avoir de feu, car les règlements des Eaux et Forêts s’opposent, avec beaucoup de raison, à ce que l’on allume du feu en forêt.

C’est du pont que débute le dernier tronçon de la piste. La partie cimentée ne commence qu’à quelques centaines de mètres, mais vous commen- cerez à avoir le flair en arrivant à Contis, et vous ne vous égarerez plus !

Une dizaine de kilomètres après Contis, la piste cimentée s’arrête et est continuée par l’ancien sentier paillé qui, n’ayant aucune raison de continuer à suivre la côte, puisqu’il ne pourrait traverser le courant de Léon, s’incline vers l’intérieur pour aboutir au petit village de Vielle-Saint-Girons, en face du cimetière. (Cette partie de l’itinéraire, fa- cile dans le sens décrit, est plus délicate si l’on veut la parcourir à partir de Vielle, puisqu’il faut aller à la recherche de la piste cimentée. Se renseigner auprès des résiniers.... lorsqu’on en trouve !)

Je n’entreprendrai pas de décrire le courant de Léon, beauté un peu trop vantée pour ne pas décevoir. Son pittoresque est évident, mais ne dépasse pas nettement celui des régions précédemment parcourues. En plus de la classique descente en barque, pistes et chemins de terre permettent de s’approcher du courant et d’aller jusqu’à la mer..

En conclusion : ne vous laissez pas impressionner par les clichés trop faciles sur la triste monotonie des landes. Pénétrez-en le charme particulier. Leur sable d’or, leurs bruyères violettes, leurs pins toujours verts embaumant la résine, les eaux bleues de leurs étangs, tout cela constitue un paysage très reposant, et qui aura, pour beaucoup de vous, le mérite de ne rien rappeler de déjà vu.

J. HAZEBA (Casablanca).

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