Le Cycliste et l’Œuvre de Vélocio (1936)

mercredi 27 juillet 2022, par velovi

Par Gaston CLÉMENT, 1936, pour les 50 ans du Cycliste

Paul de Vivie, le Ier février 1887, fondait "Le Cycliste Forézien", qui, l’année suivante, devenait "Le Cycliste", titre conservé depuis. C’est le doyen de la presse spécialisée du Cycle.
Quel monument à la gloire du cyclisme, et particulièrement du cyclotourisme, que la belle collection du "Cycliste". À l’occasion de son cinquantenaire, nous venons de la passer en revue : ce fut un magnifique voyage à travers les années, remettant en vigueur maints souvenirs sur l’histoire, relativement récente du Cyclisme, en évoquant, avec toute leur beauté, les aspects variés de notre belle France, jamais mieux appréciée qu’en voyages cyclotouristiques.
Durant quarante-quatre années, sous la plume de son fondateur, le "Cycliste" n’a cessé de mettre en valeur les bienfaits du Cyclotourisme, les joies immenses que la «  Petite Reine  » nous permet de goûter en communion avec la nature et surtout de préciser combien ils sont accessibles à tous et à toutes, humbles ou puissants.
Le "Cycliste", c’est l’historique du Cyclotourisme en France  ; c’est aussi l’apostolat de Velocio.
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La Revue vit le jour à l’heure où les cycles devenaient pratiques, et surtout stables, qualités qui donnèrent, alors, un essor considérable au cyclisme utilitaire et touristique. L’histoire du "Cycliste" est aussi celle de la bicyclette.
Il fut créé, en 1887, au moment de l’engouement provoqué par l’apparition de la bicyclette. Les perfectionnements successifs et rapides de celle-ci amplifièrent aussi l’ambiance. Paul de Vivie avait 34 ans, toute sa vigueur physique et un enthousiasme très vif pour cette locomotion nouvelle, plus rapide que la traction animale, permettant un très grand rayon d’action économique, et indépendante si on la comparait à la traction ferroviaire.
De tout cœur, avec toute sa fougue, secondé par un esprit lucide et cultivé, de Vivie, dans le "Cycliste", s’adonna à la diffusion du Cyclisme. Il voulait convaincre les populations citadines que la bicyclette leur permettrait de s’évader de leurs centres surpeuplés à l’atmosphère empoussiérée. en l’utilisant soit pour aller demeurer au bon air, dans la campagne avoisinante, soit, au moins, pour de salutaires promenades, chaque jour de liberté.
Par la suite, devant le succès du "Cycliste", Velocio se servit de sa Revue pour mettre en valeur le rayonnement industriel de la région stéphanoise, avec le désir de voir Saint-Étienne, à l’instar de Coventry pour l’Angleterre, devenir le centre de l’activité de la fabrication du cycle et de ses accessoires. Plus tard encore, et fort de ses connaissances touristiques acquises pas à pas sur les routes du Forez, Paul de Vivie imposa Saint-Étienne comme un centre de tourisme favorisé. Avec le "Cycliste", Velocio réalisa tous ces débuts, en même temps qu’il contribuait aux progrès continuels du vélo et à la diffusion du Cyclotourisme en France.
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Le "Cycliste" n’a pas été qu’un recueil des réflexions et seulement l’œuvre de son Directeur-Rédacteur en Chef. Bien au contraire, il a toujours accueilli les récits de voyages et d’excursions narrés. Paul de Vivie ouvrit accès aux cris les plus divers dans une «  Tribune Libre » bienveillante. Il aimait à provoquer la discussion, la contradiction sur les questions de technique du cycle, comme sur celles de l’alimentation végétarienne ou omnivore, le camping... trouvant des conclusions utiles sur les différentes méthodes de cyclothérapie, de voyages, de randonnées, sur les expositions, les concours techniques, les inventions... Les grandes manifestations du sport cycliste avaient toute son attention et lorsque ses commentaires se trouvaient en opposition avec les théories des organisateurs, ils étaient dictés par le bon sens. Souvent, les années lui donnaient raison.
Le "Cycliste" n’était pas l’œuvre d’un isolé, bien au contraire, car Paul de Vivie a continuellement conservé un étroit contact avec toutes les Associations de Tourisme, françaises et étrangères. Il provoqua lui-même, par ses meetings annuels, maintes réunions de Cyclotourisme, croissantes d’importance, d’année en année.
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En examinant, hélas superficiellement, cette admirable collection du "Cycliste", on peut la scinder en tranches successives, correspondant à des époques bien définies :
On pourrait intituler la première de 1887 à 1900 «  le Triomphe de la Petite Reine  », celle-ci, la Bicyclette, étant la sélection de tous les vélocipèdes antérieurs et qui fut adoptée par toutes les classes de la Société.
La seconde de 1901 à 1908 s’appellerait «  L’Age Ingrat  »  ; l’enthousiasme semblant décroître avec l’apparition de l’automobile qui attire et fascine les foules, en permettant plus de luxe, de vitesse, de confort. Mais le nombre de bicyclettes utilitaires augmente toujours et celui des Cyclotouristes reste toujours le même. Puis arrivent les heures de la sombre tourmente des années 1914 à 1918 où il ne s’agit plus de tourisme mais, pour beaucoup, de vie au grand air, différente, mais combien tragique...
La troisième période — 1919 à 1930 se définirait «  L’Essor du Cyclotourisme  ». C’est le titre même d’un des derniers articles de Velocio, écrit peu avant sa disparition tragique. L’après-guerre voit la résurrection définitive du Cyclotourisme et sa diffusion universelle telle que Paul de Vivie l’avait rêvée.
Enfin, une quatrième période, du "Cycliste" pourrait être celle depuis 1931 qui voit se continuer l’œuvre du Maître, reprise avec ses fervents, ses adeptes, qui maintiennent ses idées et ses directives. Elle voit se confirmer bon nombre de ses théories. C’est «  Le Cyclotourisme Moderne  », tel Velocio l’avait tant souhaité.
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Après guerre, le "Cycliste" et Velocio furent, cette fois encore, et avec le Touring-Club de France, la liaison utile entre toutes les activités, toutes les initiatives toutes les bonnes volontés disséminées en France.
Jusqu’à cette époque, les groupements s’occupant de cyclotourisme étaient très rares. C’est un sport qui se pratiquait plutôt en isolés, ce qui n’aidait pas à sa diffusion. Les Sociétés anciennes, comme les nouvelles qui se créaient, avaient entre elles un lien, naturellement tout indiqué  : le Touring-Club de France. On essaya de les unir étroitement à notre grande association nationale, ne fut-ce qu’en les inscrivant simultanément comme tout autre membre, mais les statuts du T.C.F. ne le permettaient pas, et rien ne fut tenté pour les adapter. C’est ainsi que se forma, automatiquement, la Fédération Française des Sociétés de Cyclotourisme, avec l’aide du T.C.F., et ce fut son Président, Henri Defert, qui en rédigea, lui-même, les statuts.
Le 8 décembre 1923, en l’Hôtel du T.C.F. — qui resta son siège social - la nouvelle Fédération fut créée par le T.C.F., l’Audax-Club Parisien, les Francs Routiers, le Tourist-Club Parisien, les Tandémistes Parisiens  ; et leurs représentants me firent le grand honneur de me nommer Président.
Tous ces événements, et ceux qui suivirent, ont été reflétés dans le "Cycliste", par Velocio, avec la foi et l’ardeur qu’il avait toujours développée, et cela depuis 1887, pour l’expansion du Cyclotourisme libre, autonome, dégagé des contingences du sport ou des entreprises officielles ou spectaculaires.
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Puisse ce rapide exposé réussir à fixer quelques précisions sur l’œuvre considérable du "Cycliste" et de son créateur, cet homme de bien que fut Paul de Vivie, et sur leurs rôles quant à la diffusion du Cyclotourisme.

Gaston Clément

Le Cycliste Forézien (n°1 Février 1887)

Traduction automatique en anglais :

Paul de Vivie founded "Le Cycliste Forézien" on February 1, 1887, which became "Le Cycliste" the following year, a title that has been retained since. It is the oldest specialized cycling press. What a monument to the glory of cycling, and particularly cycle touring, is the beautiful collection of "Cycliste". On the occasion of its fiftieth anniversary, we have just reviewed it : it was a magnificent journey through the years, bringing back many memories of the relatively recent history of Cycling, evoking with all its beauty the various aspects of our beautiful France, never better appreciated than on cycle touring trips.
For forty-four years, under the pen of its founder, "Cycliste" has continually highlighted the benefits of cycle touring, the immense joys that the "Little Queen" allows us to enjoy in communion with nature and above all how accessible they are to all, humble or powerful.
"Cycliste" is the history of cycle touring in France ; it is also the apostolate of Velocio. It was created in 1887, at the time of the enthusiasm caused by the appearance of the bicycle. Successive and rapid improvements of the bicycle also amplified the atmosphere. Paul de Vivie was 34 years old, in full physical vigor and with a very lively enthusiasm for this new form of locomotion, faster than animal traction, allowing a very great economic radius of action, and independent if compared to railway traction.
With all his passion and energy, supported by a lucid and cultivated mind, de Vivie, in "Cycliste", devoted himself to the diffusion of Cycling. He wanted to convince urban populations that the bicycle would allow them to escape from their overcrowded, dusty atmospheres, by using it either to stay in the fresh air of the surrounding countryside, or, at least, for salutary walks every day of freedom.
Later, given the success of "Cycliste", Velocio used his Review to highlight the industrial radiance of the Stéphanoise region, with the desire to see Saint-Étienne, like Coventry for England, become the center of the cycle and accessories manufacturing activity. Still later, and with the knowledge of tourist routes gradually acquired in the Forez, Paul de Vivie imposed Saint-Étienne as a favored tourist center. With "Cycliste", Velocio achieved all these beginnings, while contributing to the continuous progress of the bicycle and the diffusion of Cycle Touring in France.

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The "Cyclist" was not just a collection of reflections and only the work of its Editor-in-Chief. On the contrary, it has always welcomed stories of travel and excursions. Paul de Vivie opened access to the most diverse voices in a benevolent "Free Tribune". He liked to provoke discussion, disagreement on the questions of cycling technique, as well as on vegetarian or omnivorous nutrition, camping ... finding useful conclusions on the different methods of cycling therapy, travel, hiking, on exhibitions, technical competitions, inventions ... The great events of cycling sports had his full attention and when his comments were in opposition to the theories of the organizers, they were dictated by common sense. Often, the years gave him reason.
The "Cyclist" was not the work of an isolated individual, quite the contrary, since Paul de Vivie kept a close contact with all the Touring Associations, French and foreign. He himself provoked, with his annual meetings, numerous increasingly important cycling meetings.

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By examining, alas superficially, this admirable collection of the "Cyclist", it can be divided into successive slices, corresponding to well-defined epochs :
The first could be entitled from 1887 to 1900 "The Triumph of the Little Queen", this being the selection of all the previous velocipedes and which was adopted by all classes of society.
The second from 1901 to 1908 could be called "The Age of Ungratefulness" ; enthusiasm seeming to decrease with the appearance of the automobile which attracts and fascinates the crowds, allowing more luxury, speed and comfort. But the number of utility bicycles continues to increase and that of Cyclotourists remains the same. Then come the hours of the dark torment of the years 1914 to 1918 where it is no longer about tourism but, for many, about life in the great outdoors, different, but how tragic...
The third period - 1919 to 1930 - would define "The Rise of Cyclotourism". This is the very title of one of Velocio’s last articles, written shortly before his tragic disappearance. The post-war period sees the definitive resurrection of Cyclotourism and its universal diffusion as Paul de Vivie had dreamed of.
Finally, a fourth period of the "Cyclist" could be since 1931 which sees the continuation of the Master’s work, taken up by his fervent followers, who maintain his ideas and directives. It confirms many of his theories. It is "Modern Cyclotourism", as Velocio had wished so much.

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After the war, "Le Cycliste" and Velocio were, once again, and with the Touring Club of France, the useful link between all the activities, all the initiatives and all the good intentions scattered across France.
Until that time, the groups involved in cycle touring were very few. It was a sport that was practiced mostly in isolation, which did not help its spread. The old societies, as well as the new ones that were created, had a natural link between them : the Touring Club of France. It was tried to bind them closely to our great national association, if only by enrolling them simultaneously as any other member, but the statutes of the T.C.F. did not allow it, and nothing was done to adapt them. This is how the French Federation of Cycling Touring Societies was formed, with the help of the T.C.F., and its President, Henri Defert, wrote its statutes himself.
On December 8th, 1923, at the Hotel of the T.C.F. - which remained its headquarters - the new Federation was created by the T.C.F., the Audax Club Parisien, the Francs Routiers, the Tourist Club Parisien, and the Tandémistes Parisiens  ; and their representatives did me the great honour of naming me President.
All these events, and those that followed, were reflected in the "Cycliste" by Velocio, with the faith and enthusiasm he had always developed since 1887, for the expansion of autonomous and free cycle touring, free from the contingencies of sport or official or spectacular enterprises.
May this brief account succeed in fixing some precision on the considerable work of the "Cycliste" and its creator, this good man, Paul de Vivie, and on their roles in the spread of Cycle Touring.

Gaston Clément

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