De la manière de voyager. (1889)
vendredi 29 mai 2020, par
Par Maurice Martin, Le Cycliste, 1889, source archives départementales de la Loire cote PER 1328_1
Nous empruntons au Veloce-Sport l’article suivant de M. Martin, qui résume, mieux que nous ne pourrions le faire, la discussion ouverte à propos de la manière de voyager et que l’abondance des matières nous avait empêchés de poursuivre dans le dernier numéro.
QUELQUES CONSEILS DE TOURISME PRATIQUE
Pour le veloceman-touriste qui vit loin de Paris et qui, chaque année, au moment mille fois béni des vacances et des villégiatures, consacre dévotement quelques jours à dame Pédale, s’il est une route-type, une route classique à parcourir au moins une fois dans sa vie sportive, c’est assurément celle de la capitale. Le but est tout désigné. Il s’impose. Et lorsqu’à cela vient se joindre la double coïncidence de la féerique Exposition de 1889 et du Championnat de France de fond bicycles (le Grand-Prix de Paris de notre vélocipédie et l’une des rares courses françaises qui méritent réellement d’être suivies avec intérêt), il n’y a plus à hésiter : il faut faire bien vite son paquetage et pédaler vers Babylone !
C’est ce que je viens de faire précisément, il y a quelques jours, de Bordeaux à Paris, en compagnie de M. Georges Thomas, l’honorable et sympathique président de l’union vélocipédique de France, et de mon collègue Oscar Maillotte, du V. C. bordelais, un de ces rares vétérans du véloce, qui roulaient déjà, il y a quelque vingt ans, au temps des jantes de bois, sur cette même route de Bordeaux-Paris.
Depuis longtemps déjà nous l’avions rêvée, cette magnifique excursion à travers la France centrale, et nos excellents amis Georges Chevallier, consul de la Charente-Inférieure à Montendre, et Gabriel Ferrand, du V. C. B. (mes compagnons de route du voyage de Bordeaux-Genève de l’an dernier, avec l’ami Panajou), devaient se joindre à nous.
Malheureusement. au dernier moment, ils ont été empêchés ; mais si nous avons eu le très vil regret de déplorer bien souvent cette double absence sur notre chemin, du moins avons-nous eu la satisfaction d’accomplir notre itinéraire sans la moindre entrave, par un temps merveilleux, à travers des sites charmants, souvent même admirables, suivant fidèlement le programme que nous nous étions tracé et que le Véloce-Sport a publié d’ailleurs quelques jours avant notre départ.
Notre performance n’ayant absolument rien eu de remarquable comme vitesses et distances quotidiennes, si on l’envisage à un certain point de vue, en ces temps de records où l’on veut « manger de la route quand même », je m’étais promis de ne pas ennuyer les lecteurs du Véloce-Sport avec ce compte rendu. Mais les aimables et nombreux velocemen que nous avons rencontrés sur notre route s’étant joints à mes deux compagnons de voyage pour me demander cette publication dans l’intérêt du tourisme pur, je me suis décidé à la faire.
Si je puis ainsi, en donnant de cette excursion un compte rendu détaillé, à la fois pratique et descriptif, être quelque peu utile aux touristes qui nous imiteront un jour ou l’autre, je me déclarerai très satisfait.
Et d’abord, il y a trois façons d’effectuer cette route de Bordeaux à Paris, qui varie de 578 kilomètres environ à 714, entre l’itinéraire le plus direct et celui très détourné par Fontainebleau, que nous avons choisi.
Ces mêmes considérations peuvent d’ailleurs s’appliquer à toutes les routes de longue haleine.
1° On peut effectuer ledit itinéraire en « mangeur de route », suivant l’expression consacrée, à raison de 150 ou 200 kilomètres, voire même 225 kilomètres par jour, soit en deux jours et demi au moins (les grands records à part, bien entendu) et quatre jours au plus. Inutile de dire que, dans ce cas, on voit comme curiosités les cailloux et quelquefois même les grosses pierres seulement !
Les cailloux tu regarderas.
Le paysage nullement.
(Ier commandement du mangeur de route.)
C’est assurément très beau comme performance, mais complètement nul comme tourisme et il n’est point besoin de choisir alors un pareil itinéraire. Mieux vaut s’entraîner dans un rayon plus restreint, ce qui est beaucoup plus pratique, le temps n’étant plus d’ailleurs, en cette époque de grands express européens, où l’on avait recours aux courriers rapides, en plus des malles-poste, pour aller porter les nouvelles importantes à la Capitale, comme par exemple les votes des délégués du Conseil permanent de l’U. V. F. d’alors !
À part les rares velocemen absolument entraînés qui n’ont que trois ou quatre jours à leur disposition pour d’aussi longs trajet », et qui, obligés de les accomplir », préfèrent prendre la route plu tôt que la voie ferrée, je n ai jamais compris le « mangeur de route ». C’ est une espèce de déclassé du sport, d’enfant terrible et inconscient qui pro fane le domaine du tourisme, tout aussi bien que profane d’ailleurs la piste tel veloceman-touriste pédalant comme une écrevisse à côté des réels coureurs, entraînés pour la vitesse. Encore une fois, à chacun sa place.
2° On peut effectuer la route en question, en vrai, en sincère touriste, voulant visiter à peu près tout ce qui le mérite dans cet admirable itinéraire sans se faire trop esclave des vitesses et des distances quotidiennes.
Dans ce cas, et de l’avis de tous les vieux routiers pratiquants dont la réputation n’est plus à faire, les Laumaillé, les de Baroncelli et plusieurs autres, il ne faut pas moins de douze à quinze jours.
3° On peut enfin choisir un moyen terme de sept à huit jours.
Cette troisième façon de voyager est absolument réalisable, tout en respectant les exigences du touriste pur, et c’est assurément la plus pratique pour les 9/10 des touristes, car il en est bien peu qui puissent consacrer à la Pédale plus d’une semaine à la fois. C’est en quelque sorte le vrai tourisme rapide ; mais alors il est absolument indispensable, pour ne pas tomber dans le clan des mangeurs de route, pour voir à peu de chose près ce que voient les touristes qui ont à leur disposition douze ou quinze jours, il est indispensable dis-je, de préparer son itinéraire d’avance avec un soin des plus minutieux, la moindre perte de temps, la moindre fausse manœuvre pouvant le compromettre. Il faut aussi s’être bien entraîné à la route.
Je sais que cette préparation minutieuse d’un itinéraire fait toujours sourire quelques pédales, peut-être plus moqueuses qu’expertes, et cela me fait songer au concours que le Cycliste, le très intéressant journal de Saint-Étienne, ouvrit dernièrement entre ses lecteurs sur la question de savoir comment chacun comprenait la meilleure manière de voyager.
D’aucuns prétendaient, si je me le rappelle, que le véritable tourisme était le tourisme au hasard, à l’artiste, à la bohémienne. Je suis de l’avis des autres. Outre que n’est pas poète, artiste ou simple rêveur qui le veut, il en est bien peu, je le répète, qui en ont les loisirs, et en vélocipédie comme en toute autre manifestation collective, il faut surtout songer au général avant de préconiser le particulier, c’est beaucoup plus juste et infiniment moins égoïste.
Donc, à mon humble avis, pour couvrir en touriste la distance Bordeaux — Paris ou une distance française similaire, il ne faut pas moins de sept à
huit jours. À part les exceptions assurément malheureuses, tous les velocemen, surtout les célibataires et les matrimoniaux déjà avancés en ménage, peuvent disposer d’au moins une semaine consécutive chaque année. Bien peu le font, il est vrai, et j’en connais beaucoup, pour ma part, qui préfèrent aller passer le temps de leurs vacances dans quelque flânerie sans but ; mais à ceux-là manque évidemment quelque chose de ce feu sacré, de cette foi en la Pédale, qui, seuls, ouvrent toutes grandes les portes du vrai sport, de la vélocipédie bien et pratiquement comprise.
J’ajouterai que cette façon de voyager me parait tout aussi méritoire, dans son genre, que la première en quatre jours, sinon davantage et plus que la seconde aussi en quinze jours. Elle demande, en effet, une préparation, une connaissance géographique beaucoup plus approfondie que la première et Une plus grande pratique du véloce et de la route que la seconde.
C’est pour cela que le diplôme de touriste, décerné si judicieusement chaque année par l’U. V. de France à tout veloceman ayant couvert 500 kilomètres au moins en cinq jours au plus [Congrès de 1888), a une valeur incontestable que pourront seuls apprécier ceux qui essaient de le conquérir, en respectant l’esprit dans lequel fl a été institué, c’est-à-dire en faisant du tourisme pur et non de la route exclusive.
100 kilomètres par jour ! Quelle dérision ! Voilà ce que certains velocemen pensent et disent assurément. Oui-da, mes belles pédales ! Essayez donc de partir pour quelque bon ruban de route et de visiter, dans votre journée « dérisoire » de 100 kilomètres, quelques trois ou quatre châteaux historiques, quelque grotte, quelque forêt où vous êtes obligés dé mettre pied à terre, de gravir, de grimper, de prendre des notés pour ceux qui doivent vous suivre un jour ; répétez cela pendant sept jours et vous me direz si, à entraînement égal, ces 100 kilomètres, coupés chaque jour de cette façon, ne sont pas cent fois plus « vannants » que 150 ou 200 kilomètres réguliers pendant lesquels vous avez été hypnotisé par les cailloux !
Le Congrès de 1888, qui comprenait des vélocipédistes éprouvés, et qui fut appelé à discuter ma proposition du diplôme, n’adopta d’ailleurs qu’à la majorité le chiffre de 100 kilomètres que je demandais. Certains voulaient l’abaisser à 80 kilomètres pour demeurer dans le véritable esprit du tourisme.
Conquérir le diplôme de l’U. V. F. n’est qu’un jeu en réalité si l’on veut faire de la route exclusivement, c’est vrai ; et parmi ses défenseurs certains le savent mieux que personne, ayant fait leurs preuves sur route, soit dans des championnats de fond, soit dans des matchs ; mais, je le répète une dernière fois, ce n’est point là le but visé, et c’est pourquoi, par un sage amendement, l’U. V. F. décerne chaque année une médaille d’or à celui des voyages diplômés ayant été le plus pratiquement accompli dans le sens du vrai tourisme. C’est la récompense légitimement accordée à la contre-partie de la course pure, jusque-là trop favorisée ; et j’aime à penser pour notre U. V. F. qu’elle s’efforcera de rétablir rapidement ; par ses témoignages officiels, le juste équilibre entre les deux éléments qui la composent jusqu’à présent : course et tourisme.
En attendant mieux, je fais des vœux pour que de nombreux touristes méritent ce diplôme et fassent ainsi preuve de sportsmen pratiquants.
Ces réflexions m’ont quelque peu écarté de mon compte rendu et je me résume en disant que mes compagnons de route, MM. Georges Thomas, Oscar Maillote et moi, avons choisi. comme délai de notre voyage Bordeaux-Paris, le délai mixte de sept jours et l’itinéraire allongé de 714 kilomètres, le moins direct, c’est vrai mais qui nous a permis d’admirer, en dehors de la route directe, des merveilles telles que le site de Monthiers et les ruines de La Couronne (Charente), le beau dolmen de Pierre-Pèse (Vienne), les châteaux d’Amboise (Indre-et-Loire), de Chaumont, de Blois, de Beauregard, de Cheverny et de Chambord (Loir-et-Cher), la superbe forêt de Fontainebleau, les rives si riantes delà Seine, Corbeil, Longjumeau, Versailles, etc., etc.
Comme préparation géographique de l’itinéraire (détail extrêmement important, nous avons pensé avec bien des velocemen que la carte de l’état-major est très peu pratique pour un aussi long voyage. La lecture est très difficile en route, sur machine, et l’absence, regrettable de coloris augmente surtout cette difficulté. Son volume est trop considérable et ses détails sont la plupart du temps inutiles au vélocipédiste qui voyage en grand tourisme sur des routes nationales ou départementales.
Les petites cartes de la géographie Joanne par département, à 1 franc, nous ont paru assez pratiques et le texte qui les accompagne très utile au point de vue des curiosités archéologiques ; mais les cartes sont trop réduites et quelquefois les traits colorés mal imprimés. De plus, elles contiennent plusieurs erreurs préjudiciables au touriste, même pour des routes importantes. Quant au texte, il est trop encombrant à cause du nombre des départements à traverser.
Parmi les nombreuses cartes sur lesquelles je n’ai point le temps ni la place de m’appesantir, la plus pratique de toutes est incontestablement la nouvelle carte coloriée du Ministère de l’intérieur dite « carte du service vicinal » au 100.000, à 0 fr. 75, format plus portatif que l’état-major, lecture d’une parfaite netteté et détails absolument suffisants, chiffre de population des communes indiqué pour chacune d’elles, ce qui est précieux pour les haltes de repos et d’alimentation que le touriste veut choisir. Malheureusement, ces cartes sont encore un peu trop volumineuses pour une longue route (20 pour Bordeaux-Paris).
En principe, la lecture rapide des cartes ordinaires et leur consultation fréquente sont assez peu pratiques en véloce, difficiles mêmes en bi ou en bicyclette. Cette considération et le volume encombrant des documents à emporter pour l’examen des curiosités archéologiques et autres de la route m’ont amené depuis longtemps déjà à m’outiller de la façon suivante que j’ai reconnue très pratique et que je recommande instamment à tous les touristes :
Quelque temps avant le départ (en général les longs voyages annuels se décident en principe plusieurs semaines, sinon plusieurs mois à l’avance), prendre des morceaux de papier carton blanc de 45 centimètres de long sur 11 ou 12 de large et tracer soi-même, à l’aide des cartes Joanne et de la carte du Ministère de l’intérieur, une carte approximative au 150.000e environ, ne comprenant absolument que la route à suivre en 2 gros traits noirs (éviter l’encre à copier, qui s’étale à l’humidité), les routes adjacentes en traits légers pour se reconnaître au point de jonction, les cours d’eau en encre bleu et le chemin de fer le plus proche en trait rouge avec indication des stations en cas d’accident. Indiquer également en traits pointillés les limites départementales, et comme localités absolument rien que celles se trouvant sur votre chemin et les communes importantes situées des deux côtés, à proximité, et qui peuvent vous servir de point de repère sur la route. Comme échelle, ne pas en être esclave absolument et la grossir plutôt aux endroits qui peuvent vous embarrasser sur votre route, tels que jonctions ou entrées et sorties de villes. C’est une carte pratique qu’il vous faut avant tout et point une carte mathématiquement exacte comme échelle.
Au surplus, pour les passages difficiles à suivre, pour les petits chemins où vous pouvez être appelés a rouler parfois dans votre voyage, découpez la Carte de l’état-major dans ce même format de 20X12, collez le morceau sur vos petits cartons blancs et tracez votre route sur la carte imprimée en un trait rouge pour qu’il soit plus apparent. C’est encore un système dont je me suis très bien trouvé, mais il est essentiel de découper la carte.
Voilà pour le recto (30 kilomètres de terrain environ).
Au verso, tracez deux colonnes étroites à gauche, de haut en bas, dans le sens de la longueur. Dans la première, vous mettez les distances kilométriques, de localité à localité, et dans la deuxième, les heures de passage probables, calculées à raison de 12 à 14 kilomètres environ. Laissez rire ceux qui trouvent ce chiffre dérisoire. Ce sont de simple fumiste qui n’ont jamais fait une longue route soutenue avec armes et bagages en vrais touristes. Le vélocipédiste sérieux sait combien les pertes de temps, les menus arrêts imprévus, sont fréquents sur route et que pour obtenir
une moyenne de 12 à 14 dans une longue journée il faut bien des fois pédaler à raison de 18 et 20. Quant à moi, dans mes longs parcours, j’ai toujours adopté le chiffre de 12 (arrêts principaux calculés en plus, d’avance, dans les localités importantes) et je m’en suis toujours très bien trouvé, estimant qu’il vaut mieux arriver à l’étape avec une légère avance qu’avec un grand retard ! Calculez donc aussi vos arrêts principaux soigneusement dans votre itinéraire.
Enfin, pour compléter vos petits cartons de route, mettez en regard de ces indications de distances et d’heures le nom de la localité y afférente et, à côté de ce nom, notez en abrégé, autant que possible, toutes les curiosités archéologiques ou autres qu’elle renferme, en les empruntant aux excellents petits guides Joanne ou à d’autres ouvrages locaux plus importants.
Lorsque le format du carton sera trop restreint pour le détail de ses curiosités, comme par exemple lorsqu’il s’agit d’une grande ville, détachez simplement la page imprimée de votre guide qui en fait mention et joignez-la à votre carte manuscrite.
Enfin, par prudence, dans le cas où vous seriez appelé a modifier votre itinéraire en route, emportez avec vous les petites cartes Joanne, par département, qui sont très peu encombrantes.
Cela fait, vous pouvez partir sans crainte.
Sous un volume extrêmement restreint, vous aurez plus de renseignements que n’en emporte d’ordinaire le touriste encombré de guides et de carte et il vous seront cent fois plus précieux, car vous les aurez toujours sous les yeux, ce qui n’est pas le cas, quoi qu’on en dise, lorsqu’il s’agit de consulter en marchant une carte imprimée quelconque.
C’est ainsi que nous nous sommes organisés, mes deux compagnons de route et moi, pour notre voyage en question, après avoir recueilli nos renseignements archéologiques et autres sur le Joanne :
Le Guide du voyageur à Poitiers et aux environs, par Ch. de Chergé ;
Le Guide pittoresque du voyageur en Touraine ! par Ladevèze ;
Les Châteaux de la Loire, par Victor Petit
Blois et ses environs, par L. de la Saussaye ;
Le Château de Chambord, par le même, et enfin le Guide routier du veloceman en France et le Guide vélocipédique de la forêt et des environs de Fontainebleau , par A. de Baroncelli, et la partie de l’excellent Guide de M. Jacquot, déjà parue lors du meeting de Tours en 1888.
Inutile de dire combien ces trois derniers ouvrages m’ont été précieux.
Nous avons acquis une fois de plus la certitude que cette préparation complète d’un voyage est infiniment profitable au touriste qui l’a effectuée, car il a déjà vu sa route pour ainsi dire en la traçant lui-même sur le papier et a découvert d’avance mille petits coins et recoins souvent fort curieux, qu’un détour insignifiant peut lui faire admirer et à côté desquels le touriste non préparé passe inconsciemment.
Pour la lecture facile et constante des petites cartes manuscrites en question et pour le port des menus objets de poche (mouchoir, revolver, carnet de notes, etc., etc,) dont on est souvent très embarrassé lorsqu’on voyage en maillot, je recommande tout spécialement un petit panier d’osier ad hoc avec toile cirée intérieure, que vous pouvez faire fabriquer par un vannier expert et que vous fixez en long sur votre guidon à l’aide de courroies. Les cartes se placent naturellement sur la couverture du panier où deux élastiques les maintiennent, tout en vous permettant de les consulter et de les retirer très facilement d’une main, en marchant votre train de route.
On m’a fort blagué déjà sur mon petit panier (panier à fraises ! panier à salade ! Que sais-je ?) Le musée des antiques m’aurait même fait des propositions alléchantes, paraît-il ! mais au fond il a été reconnu très pratique pour le tourisme et c’est pour cela que j’ai pris la liberté d’en parler ici.
Pour achever ces préliminaires de route, il me reste à dire que mes compagnons et moi portions chacun 14 à 15 kilog. de bagages. On a déjà dépensé beaucoup d’encre sur cette question de bagage dans la presse vélocipédique. Je n’insisterai pas. À mon avis, le touriste doit en emporter le moins possible, sans toutefois se priver du nécessaire sous prétexte de poids. 14 à 15 kilog. peuvent paraître exagérés ; mais ceux qui ont l’habitude des longues routes savent qu’en prévision de mauvais temps mieux vaut se munir en conséquence.
Et maintenant j’ai à m’excuser auprès des lecteurs du Véloce-Sport de leur avoir donné de si longs détails sur la préparation du voyage que je leur narrerai dans de prochains numéros.
Maurice Martin.