Touricyclette 1905

vendredi 10 mai 2024, par velovi

Vélocio et sa Touricyclette
Vélocio à Pavezin en 1924 avec sa touricyclette de 1905

Sur la cote d’Azur (1906)

«  Mon étape-transport se termine à 5 heures devant la gare d’Avignon d’où l’express m’amène à Bandol à midi. Ah ! si j’avais trouvé à Orange ma touricyclette dont la qualité maîtresse est de ne jamais déraper, même dans la boue la plus grasse, je me serais bien moqué du temps, et il est fort probable que, malgré son moindre rendement, cette machine essentiellement confortable m’aurait permis de couvrir en 10 heures les 170 kilom. qui, à Orange, me séparaient encore de Bandol ; je les aurais, il est vrai, couverts en huit heures sur mon n° 5, mais il lui faut, à cette machine à grand rendement, beau temps et bonnes routes. On ne peut décidément pas avoir tout à la fois.
Cependant, il me semble que rien n’empêche de donner à une bicyclette à grand rendement la résistance au dérapage que possède ma touricyclette. la question de transmission par chaîne ou par pignons d’angle n’a sans doute rien à voir ici. Mais comment donner cette qualité majeure à une bicyclette ? On a institué des concours à l’effet de découvrir les causes qui font que telle bicyclette dérape et que telle autre ne dérape pas, toutes choses égales ; et ces concours n’ont rien démontré. Peut être la longueur de la machine et la position du cycliste ont-elles quelque influence. Ma touricyclette est très longue (190 centim.) et je suis placé de telle façon que la roue avant est presque aussi chargée que la roue arrière. Mon n° 5 au contraire est très court (130 centim.) et mon poids est tellement sur la roue motrice que la roue directrice quitte le sol pour peu que je tire sur les poignées hautes du guidon. Sur mon n° 4 qui dérape tout aussi facilement que mon n° 5, mon poids est cependant mieux distribué et la machine a la longueur ordinaire.
La hauteur des roues, la surface lisse ou striée des pneumatiques ont-elles quelque influence ? ma touri a des roues de 65 et des pneus fil biais striés. Mes nos 4 et 5 ont des roues de 65 et de 50 et des pneus fil biais lisses ; mais une autre de mes montures, mon n° 3. qui dérape très peu, a des pneus fil biais lisses et des roues de 70. »

UNE «  12 VITESSES » EN MARCHE (1906)

«  On ne peut vraiment plus dire que le cyclotourisme se meurt, et l’aimable conteur que fut, pour les lecteurs du «  Cycliste  », que sera encore je l’espère M. d’Espinassous, ne pourrait plus traverser nos grands bois sans voir l’ombre d’un cyclotouriste, comme il s’en plaignit il y a quelques années. Dimanche dernier, 10 juin, en redescendant à 4 heures du matin du plateau de la République où j’étais allé voir lever l’aurore, j’ai eu le plaisir de croiser, en trente minutes, douze (pas un de plus pas un de moins) cyclistes stéphanois qui, isolément ou par petits groupes, s’en allaient pédaler sur les bords du Rhône ou en Dauphiné.
Saint-Étienne marche donc à grands pas dans la bonne voie, mais il faut croire que nos voisins de Lyon, de Grenoble et d’ailleurs, ne veulent pas s’y laisser devancer, et pour ne citer qu’un fait des plus récents, le 29 avril dernier, le jour même où j’entrais, toutes pédales dehors, dans ma 54e année, j’eus le plaisir de rencontrer à Serrières, un groupe compact de onze cyclotouristes venus de Grenoble malgré un temps plus que douteux, pour ascensionner le Pilat, sous la direction de mon vieil ami Féasson qui tenait à faire les honneurs de nos montagnes à la section grenobloise de l’E. S.
Ce fut une belle journée... de pluie et nous échouâmes à St-Julien-Molin-Molette, où du moins nous eûmes la satisfaction de rencontrer un des doyens du cyclotourisme, M. Aug. C., dont les récits d’excursion émaillèrent les toutes premières colonnes du «  Cycliste  » en son berceau et qui pédale plus vigoureusement que jamais, tantôt sur sa Terrot H, tantôt sur sa Brossard 3 vitesses. J’avais, ce jour-là, choisi dans mon écurie, justement à cause du temps menaçant, ma touricyclette et je n’eus pas lieu de m’en repentir. Mais les onze Grenoblois montaient onze Magnat-Debon. Qu’on vienne dire après cela que nul n’est prophète en son pays  ! Naturellement tous les modèles des excellents constructeurs de Grenoble étaient représentés, y compris la monomultipliée sans garde-boue, extra-simple, dont le propriétaire prit une de ces douches de boue et d’eau dont on se souvient. Les rétro-directes l’emportaient mais le type qui attira le plus mon attention, et qui semblait aussi le plus apprécié fut le nouveau modèle H (cette lettre est décidément destinée à désigner les meilleures machines de voyage). Cette bicyclette est une combinaison du dispositif rétro-direct à 2 chaînes de Magnat-Debon et du pédalier à 2 vitesses aussi desdits, cela fait 4 vitesses en marche, très bien échelonnées, deux en direct  : 5 m. 70 et 3 m. 30  ; deux en rétro  : 4 m. 30 et 2 m. 50. On peut faire varier ces chiffres dans d’assez grandes limites  ; Féasson, qui est plus que jamais partisan du moindre effort, a sur son H 5 m. 35, 3 m. 55, 3 m. 10 et 2 m. 05 et j’aurais sur la mienne 6 m. 10, 4 m. 50, 2 m. 70 et 2 mètres  ; une échelle baroque à première vue mais que je n’ai pas choisie sans motif ainsi qu’on le verra ultérieurement.  »

Randonnée pascale, 1928

«  Des pneus souples, minces et légers comme je ne cesse de les conseiller doivent être, au contraire, très sensibles aux perforations et, s’ils ne crèvent pas, c’est simplement parce qu’ils n’ont pas rencontré de corps perforants sur leur route. On peut pourtant, part des arrache-clous judicieusement placés, les protéger contre les attaques brutales des clous, et j’avais pris la précaution de placer avant mon départ sur ma Ballon no 2, les chaînes croisées de mon ami Durieu à qui je suis redevable aussi (si ce n’est à lui, c’est à son frère) de la vieille touricyclette qui me sert depuis 1905, pendant la période hivernale où la neige et la boue rendent nos routes presque inaccessibles aux machines à chaîne. »

Vélocio, Le Cycliste.

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