EXODE VÉLO-CAMPING en 1940

mardi 1er février 2022, par velovi

Par Léon Vibert, republié dans Le Cycliste, Octobre 1948, p.179-183, avec ce filet d’André Rabault :

Il y a quatre ans, le 22 octobre 1944, Léon Vibert était tué à Paris, rue de Rivoli, par un camion américain au conducteur maladroit. Avec lui disparaissait, en même temps qu’un de nos meilleurs amis, un des plus éminents collaborateurs du Cycliste.
En cet anniversaire, et en hommage de sa mémoire, nous publions cet article, un des derniers, sinon le dernier, qu’il écrivit et que Jacques-A. Bousquet, inséra dans son ouvrage Le Camping. Cette publication est faite avec l’autorisation de l’Auteur et des Editeurs, les Frères Vigot, que nous remercions bien sincèrement.
A. B.

EXODE VÉLO-CAMPING en 1940
par Léon VIBERT

DE PARIS A SÈTE, par la Beauce, la Touraine, le Limousin, le Quercy, les Gorges du Tarn, les Cévennes et le Languedoc.

En juin 1940, sur toutes les routes de France, refluant vers le Midi, les citadins et les paysans, les enfants, les vieillards, les femmes, erraient lamentablement car les uns et les autres étaient mal préparés à la vie nomade.
Bien des livres, bien des mémoires, depuis cette époque, nous ont décrit les aventures des pauvres gens qui souffrirent de la dureté des chemins, de la chaleur de l’été, de la fraîcheur des nuits, des pluies, des orages, de la faim. Bien rares furent ceux qui surent organiser un abri, installer un foyer et choisir le bon itinéraire. Le Français est sédentaire.
Dans le présent récit de voyage, vous ne trouverez aucune facile littérature sur la tristesse de l’exode 1940 ; il fut pour l’auteur de ces lignes et ses deux compagnes un plaisir quotidien que troublait seulement la crainte que la France ne fût perdue à Jamais ; si, parfois, ils souffrirent, ce ne fut ni de la dureté des étapes, ni de la chaleur, ni du froid, ni de la faim, car ils étaient des campeurs expérimentés.
***
Ce texte vous paraîtra, peut-être, un peu sec : il eût été facile cependant à l’auteur de démarquer à votre intention le « Guide Bleu » ou le « Guide Michelin » pour « tartiner » et poétiser, en cours de route, à propos de la beauté des sites, du pittoresque des villages, de l’antiquité des châteaux forts, du charme des frais vallons et de la vue panoramique qu’on a du haut des cols. L’auteur a préféré renvoyer ses lecteurs aux deux ouvrages qu’il vient de citer, car ils contiennent les renseignements les plus sûrs et les plus précieux sur les régions parcourues.
Vous trouverez simplement ici des détails techniques à propos de cet exode-camping, c’est-à-dire des explications sur ce qu’était notre matériel de camp et sur les zigzags de notre itinéraire.
Le 1er juin, averti par un ami bien renseigné, accompagné par ma fille Maxime et son amie Marcelle, j’ai quitté un Paris fiévreux et apeuré, par la porte d’Italie. Instinctivement, par suite d’une habitude qui, presque chaque semaine, nous faisait passer les week-end à Fontainebleau, nous avons pris la route n° 6 en direction du Midi.

Nous étions tous trois à bicyclette. Nous emportions un matériel de camp léger et peu encombrant : nous n’avions pas de vivres de réserve ; à cette époque, tous les magasins de comestibles en étaient abondamment pourvus : nos vêtements étaient ceux des sportifs : simples, solides, commodes, permettant de supporter le froid, la chaleur et la pluie.
Sur chaque vélo, car nous savions nous absenter pour plusieurs semaines, nous avions chacun, une charge d’à peu près 15 kilos. Si ce poids ne gêne guère sur route plate, où l’on peut faire aisément du 15 à 20 kilomètres à l’heure, il handicape cependant durant les montées !... Mais nous comptions faire les rampes à pied, n’ayant pas l’intention de battre des records de vitesse et nous contentant de voir parfaitement les pays que nous voulions traverser.

NOTRE ÉQUIPEMENT

Les machines. — Je possède une bicyclette Bourotte, construite en 1934. Elle est très solide mais un peu lourde. Guidon à trois-positions. Deux freins sur jantes et un frein-ralentisseur sur moyeu (pour les longues descentes) ; large porte-bagages : trois vitesses.
Ma fille Maxime a un vélo de luxe construit en I938 par Ducheron, c’est-à-dire qu’il est très léger mais très résistant. Tubes en acier mince, mais tous accessoires, guidons et pédales, en duralumin. Deux freins sur jantes à traction directe. Trois vitesses.
Notre amie Marcelle est pourvue d’une machine de la Maison Pitard. Elle date de 1937 et figura à l’Exposition. Elle est construite rationnellement. Légère et rigide. Cadre avec doubles haubans en triangle. Un frein sur jantes, un frein sur moyeu. Cinq vitesses.
En passant, vous me permettrez de rappeler que le cyclo-camping, comme le cyclotourisme du reste, exige, pour ne pas énerver et lasser, une machine rationnelle et confortable. Tel vélo, bon pour aller à son bureau ou à son usine, est insuffisant pour de longs voyages : telle bicyclette, coquette, ultra-légère et brillante, fait très bien au garage du Maxim’s Bar mais qui ne remplit pas les conditions que demande le camping par les mauvais chemins.
La selle de voyage doit être bien suspendue. Les portes-bagages doivent être larges et bien fixés au cadre pour supporter la charge. Le guidon et le garde-boue avant, doivent permettre le placement d’une grosse sacoche : l’éclairage doit être à l’abri des stupides pannes par rupture de fil ; les freins doivent être bien ajustés et très robustes. Les pneus doivent être ballon ou de mi-ballon et non en boyaux, etc., etc.
Au cours du voyage dont l’itinéraire suit, nous n’avons pas eu d’autres pannes que celles causées par les clous que les militaires trahis par la 5e colonne avaient semés sur les routes.
Nos tentes. — J’emportais une tente individuelle Jamet : elle figure au catalogue de cette maison sous le nom de « tente de cyclo-camping ». Tissu léger himalaya. Hauteur : 1 m. 40, 1 mât, 1 hauban ; double toit très enveloppant : mâts aluminium : 30 piquets en duralumin : tapis de sol huilé et léger : poids total : 4 kg. 100.
Ma fille et son amie logeaient dans une même tente « Au campeur » ; canadienne du modèle courant avec bon double toit. Hauteur : 1 m. 30, poids : 4 kg. 300.
Matériel de couchage. — Très réduit. Simplement un duvet individuel et un sac-drap de lit. Le tout glissé à l’intérieur d’un étui en flanelle coton. Pas de matelas. Pas d’oreiller. A quoi bon !
Matériel de cuisine. — Réduit au strict nécessaire. Au vélo-camping on peut aisément établir son camp à proximité d’un village ou d’un bourg où il y a des ressources. D’autre part, en cours de route, il est préférable de déjeuner solidement au restaurant, quitte à ne manger le soir que quelques mets simples et rapidement préparés.
Une popote individuelle en aluminium avec quart et couvert. Une petite marmite d’un litre pour le café. Des boîtes et des sachets pour le café moulu, le sucre, le sel, le poivre, le thé. etc. Un grand seau à eau en en toile souple. Pas de réchaud naturellement ; le feu de bois est préférable au réchaud qui, à notre avis, est un ustensile à réserver pour les rallyes dans les camps collectifs.
Objets divers. — Cartes Michelin, boussole, couteaux, stylo, crayon, pipe (pour moi), cigarettes pour mes camarades, etc. Appareil photographique.
Une seule gourde en peau de bouc pour un litre de vin. quelques produits pharmaceutiques, des objets pour la toilette ; une cuvette en toile ; plusieurs mètres de cordes en coton ; un petit filet de pêche servant pour l’achat des provisions et pour secouer la salade.
Vêtements. — Nous avons pédalé tous les trois, vêtus d’une culotte (ne pas confondre avec le short qui est plus court) et d’un maillot de sport léger.
***
Nous avons emporté plusieurs tricots qui se boutonnent, c’est-à-dire qu’on peut mettre ou enlever aisément : chaussettes ; bas : une seule chemise et des espadrilles à semelles pour le camp. En route, des brodequins légers nous permirent de marcher dans les mauvais chemins que, bien souvent, nous dûmes prendre pour éviter les routes encombrées par les voitures et les piétons.
Mes compagnes avaient emporté une jupe légère, moi, un pantalon pour visiter les villes et dîner à l’hôtel.
Béret pour seule coiffure. Pèlerine longue et imperméable avec capuchon en toile huilée.
Sacoches. — Une grande sacoche avant où nous mettions les objets utiles en cours de route, le matériel de cuisine et les vivres pour les grand’haltes.
Chacun de nous avait deux sacoches arrière, pas très larges mais très longues et qui descendaient très bas (la stabilité du vélo l’exige).
Les sandows (ou extenseurs) sont préférables aux cordes ou aux courroies pour arrimer les bagages, tout le monde sait cela.

ITINÉRAIRE

Première Partie
De l’Ile-de-France à la Touraine De Paris à Nemours (72 km.), par la route de Fontainebleau. — Camp dans les friches de Poligny (eau potable et vivres à Nemours).
De Nemours a Montargis, par Chautreux, Eareville et Le Bianon (château où est né Mirabeau) (150 km.). — Camp à Chalette au bord du Loing (vivres à Montargis).
De Montargis à Sully-sur-Loire, par Briare et Gier. (60 km.). — Camp sur la rive droite de la Loire sur une plage de sable fin (vivres à Sully).
De Sully à Montrichard, par Orléans (visite de la ville) et Blois (visite du château) (120 km.). — Camp au pied de la ville, dans une prairie le long du Cher (eau sur place, vivres à Mont richard ).
De Montrichard à La Haye-Descartes (65 km.) par Loches (visite de la ville et du château). — Camp sur la rive gauche de la Creuse, en aval de Buxeuil (eau sur place, vivres à La Haye).
Un séjour de quatre jours à La Haye-Descartes nous a permis de visiter Châtellerault, le Grand-Pressigny (musée de la préhistoire) et les curieuses falunières de Paulmy (coquillages marins de l’époque secondaire).

Notes
Cette première partie n’a été pour nous une révélation qu’à partir de Sully, car plusieurs fois déjà nous avions fait les étapes de Paris à Nemours et de Nemours à Sully.
Nous n’avons pas pris la grande route de la vallée du Loing, de Nemours à Monfargis, car nous étions désireux de voir en passant le château du Bignon où naquit Mirabeau ; on ne peut le visiter, mais on peut l’admirer dans son parc près de la route.
Le camp en face de Sully dans les sables est tout à fait à recommander. L’eau de la Loire est très claire : il y a partout du bois sec.
Notez qu’à notre passage, Sully n’avait pas reçu la visite des avions allemands, et que les commerçants y sont nombreux.
A La Haye-Descartes il y a de très bons restaurants où l’on sert du poisson de la Creuse. Visites sur la rive gauche des maisons de troglodytes.

Deuxième Partie
De la Touraine à la Corrèze
Du 10 juin au 18 juin

De La Haye-Descartes à Angle-sur-l’Anglin, par La Guerche et La Roche-Posay (station thermale) (30 km.). — Camp au pied du château d’Angle, au bord de l’Anglin (vivres à Angle, eau près du Pont).
D’Angle à Bellac, par Mérigny, Saint-Savin, Montmorillon, Le Dorât (80 km.). — Camp le long d’un gros ruisseau, dans les bois, à l’est du village (vivres à Le Dorât).
De Bellac à Le Vigen, par Berneuil, Limoges, route n° 20 (60 km.). — Une terrible averse ne nous permet pas de camper. Nous couchons dans une grange où des paysans veulent bien nous permettre de nous abriter pour la nuit.
De Le Vigen à Pompadour, par La Valade et Saint-Yriex (60 km.), — Camp sur une éminence à côté d’une ferme déjà pleine d’autres réfugiés arrivés en voiture ou à vélo (vivres pris à la ferme).
De Pompadour à Brive, par Juillac et Objat (30 km.). — Repos de trois jours. — Camp sur un replat dominant le domaine de Vars à l’est de la ville (eau sur place, vivres à Brive).

Notes

Angle-sur-l’Anglin est vraiment un endroit à recommander aux campeurs. La municipalité a réservé aux sportifs, une prairie ombragée au bord de la rivière, au pied du formidable rocher que domine l’ancien château. A côté du camp il y a une Auberge de Jeunesse. Les commerçants sont aimables.
A Bellac le terrain où nous avons monté la tente est une propriété particulière où on accède par un sentier qui côtoie un ruisseau. Le terrain est parfait : de l’eau, du gazon fin, des ombrages, le silence, etc.
La partie de notre itinéraire de Bellac à Brive fut, vous devez le penser, très mouvementée par suite des événements politiques et militaires que nous apprenions en cours de route.
Brive est une ville gaie, coquette, propre où l’on trouvait en 1940 des comestibles variés... particulièrement des cerises en quantité. Notre camp était à vingt minutes de Brive à vélo, près d’un ancien château dominant le vallon.

Troisième Partie
En Quercy
Du 18 juin au 1er août

De Brives à Gluges, par Turenne et les Quatre-Routes (40 km.). — Camp le long de la Dordogne, en aval du pont suspendu (vivres à Montvalent ; eau de source, sur la rive droite).
De Gluges à Padirac, par Floriac, Montvalent, Alvignac-les-Eaux et Miers (24 km.). —
Camp fixe établi au bord d’un petit ruisseau au hameau d’Andrieux, dans une propriété particulière (eau de puits ; vivres à Miers).
Pendant trois semaines, nous avons parcouru la région et visité le gouffre de Padirac, les grottes de Lacave, les abîmes de l’Ouysse, le saut de la Pucelle, le gouffre de Roque-Corn, le puits d’Alvignac et autres merveilles naturelles.
Nous sommes allés à Martel, à Saint-Céré, à Cahors, à Rocamadour, à Gramat, à Souceyrac, à Beaulieu, à Souillac, à Dôme, aux Eyzies. etc.

Notes

Notre séjour dans le Quercy fut un mois de bonheur complet : l’armistice était signé : les soldats étaient démobilisés, le temps était beau ; le pays merveilleux, les vivres de toutes sortes abondaient, les paysans, étaient hospitaliers.
Les bords de la Dordogne offrent des terrains de camp fixe magnifiques. Gramat, Miers, Rocamadour, Saint-Céré, sont de charmants petits bourgs où l’on fait des repas plantureux, car dans cette région les fonds de vallées sont de véritables jardins.
Les Causses des environs sont désertiques, d’une poésie étrange et bien curieux à parcourir.
La visite des grottes et des gouffres s’impose naturellement aux touristes. Consultez les guides à ce sujet.
Les campeurs qui s’installent soit à Padirac même, soit dans le cirque de Montvalent, soit à Saint-Céré, mettront plusieurs semaines pour bien connaître cette région, à pied ou à vélo. Ils conserveront, comme nous, du Quercy et de ses habitants un souvenir ému et reconnaissant.

Quatrième Partie
Les Sorties du Tarn
Du 2 août au 8 août

De Padirac à Decazeville, par Gramat, Lacapelle-Marival, Figeac (70 km.). — Camp au sud de la route, le long d’un noir ruisseau qui sert de cloaque aux usines ; le passage est le plus empesté, le plus triste et le plus laid qu’on puisse rêver !... Mais nous étions si fatigués que nous avons dû nous y arrêter à notre grand regret.
De Decazeville à Saint-Côme par Mauvial, Villecontal, Estaing, Espalion (60 km.) — Camp le long du Lot de l’autre côté du pont sur la rive gauche. Bons terrains. Source d’eau claire, Approvisionnement facile à Espalion. Bons restaurants à Saint-Côme.
De Saint-Côme à Mas, par Cruejouls, Saint-Genier et Saint-Saturnin (60 km.). — Étape dure à cause des montées, coucher à l’hôtel à cause du mauvais temps.
De Massegros à Les Vignes (15 km.). — Camp sur sable, au bord du Tarn, en face du château de Blanquefort. Nous avions emporté des victuailles car le long du Tarn les boutiques de commerçants sont rares.
Des Vignes à Ispagnac, par la route qui longe le Tarn (150 km.). — Repos de deux jours dans un camp frais et discret à 200 mètres d’Ispagnac, près du pont de Quézac sur la droite (source) au bord du Tarn.
D’Ispagnac au col de Jalcreste, par la bonne route, n° 107 bis (40 km.). — Camp dans les bois de Chêne, le long du Gardon qui prend naissance au col même.

Notes
Ne commettez pas l’erreur que nous avons faite de camper à Decazeville, une horrible cité industrielle dans une vallée ravagée par les incendies et dans l’air empesté par les fumées des usines. Évitez donc Decazeville, remontez la rivière par Entraygues et les gorges du Lot jusqu’à Espalion ; ultérieurement j’ai eu l’occasion de suivre cet itinéraire il est de toute beauté et m’a rappelé les vallées des Alpes.
Les étapes que nous avons faites pour atteindre le Tarn furent assez pénibles, car l’orographie est compliquée : il faut sans cesse monter et descendre.
La route qui suit le cours du Tarn est un billard. Nous aurions flâné avec plaisir le long de cette belle rivière si nous n’avions eu rendez-vous avec des amis au pont du Gard.
Les emplacements de camp le long du Tarn sont nombreux ; par contre, le ravitaillement n’est pas toujours facile : il est vrai qu’on rencontre quelques restaurants.
Nous n’avons pas visité, à notre grand regret, les crottes de Dargilan, ni Montpellier-le-Vieux, ni l’Aven Armand et nous le regrettons amèrement. Un mois de camping serait nécessaire. Pour bien connaître toutes les vallées qui abondent en curiosités naturelles.

Cinquième Partie
Le versant de la Méditerranée
Du 8 août au 15 août

De Jalcreste à Euzet, par la Grande Combe et Ales (route G.C. 32) (55 km.). — Mauvais camp entre la voie terrée et la Caudouillère, dans les terrains vagues à l’est de rétablissement de bains (vivres sur place, mais peu variés).
D’Euzet au Pont-du-Gard, par Uzes et Argilliers (30 km.). — Camp au Port du Gard, en amont du pont, sur les sables, rive qauche du Gard. Restaurant. Repos de doux jours. Visite d’Avignon.
Du Pont-du-Gard à Aigues-Mortes, par Nîmes (visite de la ville) et par Lunel (vignobles) (75 km.). — Camp au Mas de Saint-Jean, dans les marais de la Souteyranne. Mauvais camp, Mistral et moustiques.
D’Aigues-Mortes à Sète, par Lunel, Montpellier (visite de la ville) et par Mireval et Frontignan (70 km.). — Camp au lieu dit sur la Corniche, au-dessus de Dangles, sur une butte dominant la mer et les étangs.

Notes
Des gorges du Tarn au Pont-du-Gard, la route est longue, dure..., mais jamais monotone ; on traverse rapidement des régions industrielles et on flâne dans les vallées ombragées.
Uzès est une ville aristocratique du 17e et du 18e siècle : un peu triste mais très bien conservée,
Le camp de séjour au Pont-du-Gard est à recommander, Les emplacements y sont parfaits et nombreux ; il y a des restaurants près du pont. A vélo, on va à Avignon en une heure et on y trouve toutes victuailles.
Aigues-Mortes est à voir. Mais quelle chaleur sur ces routes bordées de vignobles ! Et quel vent ! Et quels moustiques !
A Sète, au lieu de camper sur les hauteurs de Saint-Clair qui dominent l’étang de Thau, allez plutôt vous installer près du rivage de la Méditerranée sur la route de Béziers ; emportez avec vous de l’eau potable et faites vos provisions en ville.

TOUT LE MONDE CAMPEUR
Notre Exode 1940 se termine ainsi à Sète où nous restâmes un semaine.

Pour des raisons de famille, ma fille s’installa dans cette ville pendant quelques mois. Pour des raisons d’ordre administratif, Mlle Marcelle dut rentrer à Paris par le chemin de fer.
Comme je restais seul et comme je suis atteint de la bougeotte, je résolus de continuer mes randonnées. Ultérieurement, j’ai visité la Provence, le Var, les Alpes-Maritimes. J’ai remonté ensuite la vallée de la Durance : j’ai revu les Alpes dauphinoises et ma Savoie natale que je connais bien pour finalement rentrer à Paris, toujours en campant et à vélo, par Lyon et Dijon, après dix-huit mois d’absence. Mes jambes et mes pneus avaient absorbé, au minimum, quinze mille kilomètres et cela sans fatigue.
J’ai voulu, dans ce récit résumé de l’Exode 1940, vous prouver que les voyages à vélo sur les routes ne sont pas un calvaire, comme les journalistes l’ont souvent dit en racontant les événements qui ont précédé et suivi l’armistice, mais seulement pour les campeurs qui ont le matériel suffisant et l’expérience de la vie nomade.
Comme tout fait prévoir que l’art de camper sera pratiqué d’une façon intense par les générations qui suivent, il est probable que, si de nouveau les populations sont un jour dans l’obligation d’opérer des migrations, elles le feront dans de meilleures conditions qu’il y a quatre ans. Ainsi soit-il.

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