Question de psychologie cycliste (1920)
dimanche 29 janvier 2017, par
Paul de Vivie, alias Vélocio, Le Cycliste, 1920, Source Archives départementales de la Loire, cote IJ871/3
Un abonné du Cycliste nous demande de poser aux lecteurs cette question de psychologie cycliste :
Quels sentiments éprouvez-vous après une grande journée passée sur votre selle ?
Il faut lire sans doute après une grande journée vécue en plein air, en pédalant sans fatigue, au milieu de paysages incessamment variés, qui récréent l’esprit pendant que l’exercice poussé jusqu’à la sudation hygiénique apporte un dérivatif salutaire à des occupations sédentaires. À la question ainsi posée, il m’est facile de répondre que le sentiment que j’éprouve est celui d’une infinie gratitude envers la bicyclette qui nous permet d’aller admirer en si peu de temps, à si peu de frais, avec si peu de fatigue, tant de magnifiques spectacles qui, sans elle, nous resteraient inaccessibles ou incompris. Car, non seulement elle nous, transporte, mais encore et surtout, elle nous prépare, par l’intensité de vie qu’elle développe en nous, à jouir de ces spectacles infiniment plus, à les comprendre infiniment mieux que les colis humains, qu’autos et funiculaires déversent somnolents, au sein de toutes les merveilles de la nature qu’ils regardent en baillant et en échangeant entre eux des serinades et des snobinades.
J’espère que d’autres cyclistes répondront à la question posée.
VÉLOCIO.