Le Robinet de Donzère a toujours été un passage difficile pour la navigation, en même temps qu’un lieu de traversée du fleuve au moins depuis les romains. Le pont suspendu, selon la méthode Seguin, existe depuis 1847, remplaçant un bac à traille dont la pile de soutien est encore visible rive droite.
Le nom de Robinet viendrait du nom d’un propriétaire, Robin Berton, dit Robinet, au 16e siècle, qui aurait laissé son nom au lieu-dit.
Un cyclotouriste, Champin, mentionnait une autre origine possible. Ce fut autrefois un passage pour les moutons transhumant sur un sentier, à la place de la voie ferrée . Des troupeaux remontaient d’Arles jusqu’aux Alpes. Et robinet pourrait venir de robin, cette fois nom du mouton au moyen-âge, parce que l’on donnait souvent aux robinets la forme d’une tête de mouton.
Son petit relief marque le passage vers la Provence, avec fréquemment des changements de météo. Paul de Vivie s’arrêtait souvent à une fontaine de Donzère.
EXCURSION DE PÂQUES (596 KILOMÈTRES), 1901
« On évite le pavé de Montélimar en descendant à droite, devant la porte de la ville, vers les boulevards. L’horizon, au Sud, est barré par une ceinture de collines qui refusèrent longtemps de laisser passer le Rhône, mais que celui-ci a fini par culbuter entre Châteauneuf-du-Rhône et Viviers en se frayant le passage connu sous le nom de Robinet de Donzère. Faute de ne pouvoir faire de même et culbuter l’obstacle, force nous est de le franchir et nous prenons le plus faible développement (3 m. 30) ; depuis Valence, nous pédalons avec 4 m. 40 et au sommet nous reprenons 6 mètres ; avec un bon mistral dans le dos, nous aurions fait les montées avec 6 mètres et, en plaine, le grand développement de 7 m. 50 nous aurait permis de marcher à 30 kilomètres à l’heure sans aucune fatigue. Avec le vent dans le nez, il faut déchanter et se contenter de faire du vingt. »
Vélocio, « Excursion de Pâques (596 kilomètres) », Le Cycliste, 1901, p.60-64, Source Archives Départementales de la Loire, Per1328_7
RANDONNÉE PASCALE, 1923
« À dix heures environ, je tournais autour de Montélimar, où j’achetais quelques oranges que je suçai en grignotant un quignon de pain (ce fut mon deuxième repas) au pied de la montée de Donzère (140 km.). Cette montée, qui paraît très dure aux cyclistes locaux, faute de termes de comparaison, est insignifiante pour nous qui avons à gravir fréquemment les rampes de la Croix de Chaubourey et du col des Grands-Bois. Ma troisième vitesse de 5m, 25 me suffit pour en venir à bout, mais, sapristi, qu’il y fait chaud ! La descente est bientôt là heureusement, qui me rafraîchit en m’entraînant à la vitesse limite, du 40 à l’heure, au bas mot ; quand souffle un fort mistral, nous y atteignons facilement le 60 à l’heure, tant on s’y sent en sécurité. Le sol est en ce moment très convenable, aussi bien avant qu’après Donzère, où il était exécrable il y a deux ans ; aussi je m’en donne à pédales-que-veux-tu et Pierrelatte, Lapalud sont bientôt derrière moi, puis trois villages qui se succèdent à peu de distance les uns des autres et... enfin le massif arc de triomphe d’Orange m’apparaît ; il est treize heures. Autrefois, avec bon vent dans le dos et les très belles routes d’avant guerre, je pouvais aller de Saint-Étienne à Orange (188 km.) en 7 h. 45’ au minimum et à 9 heures au maximum ; aujourd’hui, il m’a fallu 10 h. ; j’ai perdu près d’une heure à cause de la nuit dès le départ, puis le vent et l’état du sol m’ont handicapé d’autant. »
Vélocio, « Randonnée Pascale », Le Cycliste, juillet-août, 1923, p.73-75 Source Archives Départementales de la Loire, cote PER1328_14