Fêtes

mardi 3 mai 2022, par velovi

Les fêtes ont accompagné les débuts du vélo. Une des premières expéditions des Cyclistes Stéphanois fut ainsi une cavalcade à Yssingeaux en 1881, sur une petite place, avec foule, fanfare, et discours du maire. Les courses de vélocipède furent des attractions de fête, et elles continuèrent de se dérouler longtemps dans des ambiances de kermesse. Les cyclotouristes, roulant plutôt de manière isolée, ne furent plus l’objet des festivités, mais allèrent les traverser.
Les congés étant rares, les voyages se déroulaient en profitant des jours de fête républicaine ou religieuse, et des repos hebdomadaires, aussi jours de foire ou de marché. On a déjà pu lire le récit de la fête nationale du 14 juillet 1889, centenaire de la Révolution française (p.60). Comme les rues, la route était aussi un espace de vie temporairement appropriable. Il en est du même du fleuve.
Les manifestations les plus emblématiques de l’univers rhodanien étaient sans doute les joutes. Développons un peu ce sujet. Car si aujourd’hui de nombreux lieux de pratiques ont disparu, parfois du fait de la disparition de lônes (bras mort du fleuve sans courant), parfois détruits au profit d’aménagements routiers, comme le canal de Givors, ou les quais de la Mulatière, ce sport peu médiatisé existe toujours, et l’on croisera aujourd’hui des bassins de joute au fil du fleuve  : écluse de La Mulatière – bassin de joute César Varnet, bassin de joute de Vernaison, halte fluviale d’Ampuis, bassin de l’Arbuel à Condrieu, bassin des joutes à Serrières, à Bourg-lès-Valence... Ces bassins sont parfois très enclavés entre les aménagements autoroutiers et le fleuve. Aussi la société nautique de Condrieu est sans doute le lieu de joute le plus visible aujourd’hui pour les cyclotouristes, grâce au passage de l’itinéraire cyclable le long du Rhône.
Revenons au 19e où des sociétés de mariniers et de travailleurs du fleuve se formaient pour porter secours aux riverains lors des fréquentes inondations. Le sentiment d’appartenance était fort, ainsi les membres de la première société de sauvetage du Rhône, la Société des Trente-Trois fondée en 1807, décidèrent de se faire enterrer ensemble au cimetière de Loyasse. Lors des fêtes patronales et vogues, ils étaient les acteurs des tournois, qui se déroulaient selon des rituels festifs et honorifiques. Dans la deuxième partie du 19e siècle, le chemin de fer et les bateaux à vapeur ont toutefois modifié l’exercice de la batellerie et amoindri ses traditions. Avec l’avènement du sport, les nombreuses sociétés de joute et de sauvetage se fédérèrent et organisèrent des compétitions, avec le premier championnat de joute lyonnaise au lac du parc de la tête d’or en 1901.

Une joute sur le Rhône, Sablons.
Carte postale ancienne.


On retrouve une description de joute une seule fois par Paul de Vivie dans la première année du Cycliste  :

 AU BORD DU RHÔNE, 1887

«  Serrières est en vérité une jolie petite ville  ; alignée sur la rive droite du Rhône et adossée au massif montagneux, elle laisse à peine entre ses maisons et les rochers à pic une petite place au chemin de fer.
En face, de l’autre côté du pont, on aperçoit les maisons basses du village des Sablons qui jouit, au point de vue des mœurs, d’une réputation toute particulière.
Pl... et moi qui arrivons bons premiers, nous nous faisons indiquer le meilleur hôtel, car il s’agit avant tout de bien dîner. C’est chose facile, à Serrières où l’on mange bien et où l’on boit bien partout, mais il peut toujours y avoir le mieux auprès du bien et ce mieux nous le trouvons à l’hôtel Ravon.
En attendant nos amis et le dîner, nous assistons aux premières passes des jouteurs qui, pendant deux ou trois heures, vont concentrer sur eux l’attention des nombreux visiteurs qui, de tous les côtés sont venus passer la journée à Serrières. Un vieux loup du Rhône daigne nous initier aux mystères de ces luttes aquatiques  ; il a lui-même jouté pendant trente ans et il connaît tous les secrets, toutes les roueries, toutes les ficelles. Il sait exactement le point où il faut frapper pour enlever son adversaire  ; il suit avec intérêt tous les incidents du combat  ; il désigne d’avance le vainqueur en voyant s’approcher les deux bateaux  ; il se trompe assez fréquemment mais il a aussitôt de nombreuses raisons à donner pour expliquer le coup imprévu qui vient de détruire son pronostic.
Le patron du bateau aura donné un faux coup de barre, peut-être avec intention, car souvent les patrons vous veulent du mal, — il en sait quelque chose personnellement — et vous empêchent de bien diriger votre lance.
Tout cela est très intéressant sans doute, mais il y a quelque chose qui l’est d’avantage et ce quelque chose, vient-on nous dire bientôt, nous attend.
Rassurez-vous, je ne vous donnerai pas le menu de notre repas  ; je l’ai, du reste, parfaitement oublié. Qu’il vous suffise de savoir qu’à trois heures, frais, dispos, alertes, vigoureux, nous étions en selle de nouveau, nous dirigeant à toute vitesse du côté de Givors.  »
Vélocio, «  Au bord du Rhône  », Le Cycliste, 1887, p 98-101,Source Archives départementales de la Loire, cote PER1328_1

Outre cette scène de joute dont on n’entendra plus parler ensuite, le lecteur croise de nombreux 14 juillet, vogues, marchés, fêtes votives, farandoles, bals au long des récits de randonnées de Vélocio, même si les haltes s’il y avait restaient courtes.

 MARLHES. – LA LOUVESC. – ANNONAY., 1889

«  Je traverse toute la ville en poussant ma machine sur un abominable pavé, fait pour étouffer dans son germe toute velléité de vélocipédomanie chez les Annonéens, et pourtant il doit y avoir durant la soirée des courses de vélocipèdes dans la ville, qui est, du reste, en fête, enguirlandée de tous les côtés et sillonnée en tous sens par des groupes de touristes, de gymnastes, de musiciens  ; du bruit, de la gaieté, des cris, des chants, une foule épaisse et bigarrée, toutes les manifestations de la folle jeunesse accueillaient les visiteurs et l’on éprouvait un irrésistible besoin de s’amuser, de faire comme les autres  : la joie est contagieuse.
C’était fête à Annonay depuis la veille  : il y avait eu concours gymnique, festival, illuminations, défilés sur défilés, discours sur discours, et le programme des réjouissances publiques comportait encore des courses de vélocipèdes au Champ de Mars, des ascensions de ballons, non, de Montgolfières, car n’oublions pas que nous sommes ici dans la patrie des illustres frères Montgolfier, à qui revient l’honneur d’avoir inventé les ballons, et même, si l’on en croit Lunier, cet honneur serait dû, grâce à une galanterie du hasard, à Mme Montgolfier. 
«  Mme Montgolfier ayant, dit-il, placé un jupon sur un de ces paniers à claire-voie dont les femmes font usage pour sécher leur linge, l’air de l’intérieur fut tellement raréfié par la chaleur que le jupon fut élevé jusqu’au plafond. C’est de ce fait que MM. Montgolfier sont partis pour faire leur aérostat.  »
Le fait est que de voir un jupon s’enlever dans les airs était bien de nature à attirer l’attention d’un observateur   ; on voit bien tous les jours des bonnets passer par-dessus les moulins, sans doute par l’effet de la chaleur qui monte à la tête au printemps, car c’est au printemps qu’on voit surtout ces choses-là, mais la fréquence de ce phénomène fait qu’on n’y attache aucune attention et qu’on n’en déduit aucune observation scientifique, tandis qu’un jupon qui s’enlève au plafond, c’est rare, et cela donne à réfléchir  ; encore, pour en tirer une aussi heureuse découverte, fallait-il avoir l’esprit tourné vers la science et c’est ce qui fera la gloire éternelle des frères Montgolfier... »
Vélocio, «  Marlhes. – La Louvesc. – Annonay.  », Le Cycliste, juillet 1889, p.166-173, Source Archives départementales de la Loire, cote PER1328_1

 DE SAINT-ÉTIENNE À LYON, 1898

«  Me voici tout de même sorti de ce défilé bourbeux  ; la montagne à ma gauche s’éloigne et le sol est à peu près sec, aussi les habitants de Givors se sont emparés de la route et m’obligent à aller encore plus lentement. C’est un petit ennui des sorties dominicales que cette habitude qu’ont les habitants des villes, petites et grandes de se tenir des heures entières au beau milieu des routes  ; quand ils vont deux par deux il n’a encore que demi-mal, on festonne autour des couples endimanchés sans même les avertir, mais tels groupes vont se tenant par la main ou côte à côte, d’un fossé à l’autre, chantant, titubant ou dansant  ; il faut corner, grelotter, bêler, recevoir des quolibets stupides et attendre en faisant du sur-place que les femmes qui se trouvaient à gauche se soient enfuies à droite et vice versa, comme s’il ne leur serait pas plus facile de se ranger chacune du côté où elles se trouvent. Il y a des cas vraiment où l’on voudrait être pédard pour foncer les yeux fermés en beuglant, en hurlant, en mugissant sur ces troupeaux enjuponnés qui après vous avoir fait poser se paient encore votre tête. Décidément la boue inattendue de tout à l’heure m’a mis de mauvaise humeur. Et les joueurs de boules  ! voilà un sport qui a pris de l’extension depuis quelques années  ; il faut s’en applaudir parce que bien des gens qui passaient leur après-midi du dimanche dans un tabagnon enfumé, la vivent maintenant au grand air, sans vider par exemple une chopine de moins, mais ils respirent à pleins poumons, font un excellent exercice et les drogues qu’ils ingurgitent leur sont assurément moins nuisibles. Je m’en applaudis donc, puisque rien de ce qui touche à l’hygiène publique ne m’est indifférent, mais je proteste lorsque les joueurs de boules prennent pour boulodrôme la route elle-même et nous jettent leurs boules dans les jantes, il ne faudrait pas qu’un sport chassât l’autre et je demande la route toujours libre.  »
Vélocio, «  De Saint- Étienne à Lyon », Le Cycliste, 1898, p.212-216, Source Archives départementales de la Loire, cote PER1328_6

 SAINT-ÉTIENNE GRENOBLE GAP CHAMBÉRY, 1899

«  Ne sachant jusqu’au dernier moment si je serais libre pendant les trois jours de fête, 14, 15 et 16 juillet, je laissai partir mes compagnons habituels qui en Suisse, qui en Italie, ceux-ci à Genève, ceux-là pour le Gantai, sans me décider à les accompagner ou les inviter à venir avec moi, et je me trouvai seul le jeudi soir à préparer hâtivement ma bicyclette de grand tourisme au bruit des fanfares sonnant la retraite et parcourant la ville dans tous les sens.  »
Vélocio, «  Saint- Étienne Grenoble Gap Chambéry  », Le Cycliste, 1899, p. 121-132, Source Archives départementales de la Loire, cote PER1328_6

 AMBÉRIEU À AMBÉRIEU, 1898

«  6 heures ½, je ne dois pas être loin de Tenay  ; des groupes de promeneurs commencent à me crier  : «  Et ta lanterne   !   » Cela sent la civilisation. Tout le monde est sur la route à prendre le frais qui est presque froid, j’allume un falot, j’agite le grelot et me sentant en règle avec les autorités, je demande la place à laquelle j’ai droit  ; je puis passer non sans m’attirer pas mal de stupides apostrophes de la part de la jeunesse qui revient éméchée de la vogue d’Argis.  »
Vélocio, «  D’Ambérieu à Ambérieu », Le Cycliste, Août 1898, re-publié en 1948, Rétrospective p.151

 DE SAINT-ÉTIENNE À CANNES ET RETOUR PAR LES MAURES ET L’ESTÉREL, 1900

«  Le vent s’était calmé et nous enlevâmes, en une heure, les 24 ou kilomètres qui séparent Aix de Trets où nous nous lestâmes de pain trempé dans du café  ; le village était en fête, la fanfare jouait et nous dûmes mettre pied à terre pour traverser la foule endimanchée  ; dans le Midi on vit dehors plus que dedans et nous eûmes à constater souvent l’encombrement des routes dans la traversée des villages.  »
Vélocio, «  De Saint- Étienne à Cannes et retour par les Maures et l’Estérel », Le Cycliste, 1900, p.105 à 114, Source Archives Départementales de la Loire, Per1328_7

 VERS LA MÉDITERRANÉE, 1899

«  À Tournon, jour de marché, je suis forcé de ralentir considérablement ma marche tellement la route est encombrée de chars de toute espèce.  »
Vélocio, «  Vers la Méditerranée », Le Cycliste, 1899 et 1900, p.216-22, p.243-246, p.36-41, Source Archives départementales de la Loire, cote PER1328_6 et Le Cycliste, Décembre 1957, Rétrospective «  Cyclo-Alpinisme à la Sainte-Baume  »

 EXCURSION DE PÂQUES (596 KILOMÈTRES), 1901

«  À l’entrée de Tain, la foule nous empêche de passer  ; on danse sur la route et il faut aller à pied pendant quelques centaines de mètres.  »
Vélocio, «  Excursion de Pâques (596 kilomètres)  », Le Cycliste, 1901, p.60-64, Source Archives Départementales de la Loire, Per1328_7

 EXCURSIONS PASCALE DES 29, 30 ET 31 MARS, 1902

«  Je sors de l’antique cité gallo-romaine par la route de Salon, que je vais suivre jusqu’à Saint-Hippolyte où je m’engage à droite dans un chemin très bon tout d’abord qui à travers la Crau me conduira à Fos 127 kilomètres en moins d’une heure, malgré 7 ou 8 kilomètres de mauvais sol encombré d’ornières et de cailloux roulants, parmi lesquels on ne se dirige qu’avec difficulté. Les yeux, à dire vrai, ne sont pas sollicités par le paysage absolument plat et morne, animé çà et là par quelques troupeaux de moutons qui paissent une herbe rare et par quelques masures blanches et grises qu’avec un peu d’imagination on prendrait pour des voiles figées au milieu d’une mer pétrifiée. Parfois, des bouquets d’arbres entourent une ferme de quelque importance  : ce sont les oasis de ce Sahara pierreux qu’on essaie par tous les moyens de fertiliser et qui se montre rebelle.
Bientôt, sur un monticule, je distingue de loin des pans de murs ruinés, débris de quelque château féodal  ; c’est d’un très bel effet, et les photocyclistes peuvent y aller d’une plaque. Je suis à Fos-sur-Mer, rendez-vous dominical de la jeunesse qui s’amuse  ; une immense farandole m’enferme dans son cercle et m’oblige à mettre pied à terre  ; je m’exécute sans rechigner, prêt à acquitter le péage d’usage en pareille circonstance, mais les plantureuses Provençales qui m’ont fait prisonnier m’en tiennent quitte. Ainsi les pêcheurs laissent volontiers échapper sans rançon les vieux marsouins égarés dans leurs filets. Si mes jeunes compagnons L... et B... avaient été avec moi, ils ne s’en seraient certainement pas tirés à si bon ou à si mauvais compte.  »
Vélocio, «  Excursion pascale des 29, 30 et 31 mars  », Le Cycliste, 1902, p.47-51

 EXCURSIONS DES 3 ET 4 AVRIL 1904 (FÊTES DE PÂQUES)

«  Nous entrons à Arles un peu avant midi  ; on nous informe que l’auteur de Mireille va donner l’accolade, emmi les ruines du théâtre antique, à 360 jeunes filles qui jureront de rester fidèles au costume arlésien. Nous allons voir ça. Très pittoresque vue d’ensemble. Malheureusement, au moment précis où Mistral, le grand poète, se lève au son des fifres et des tambourins, l’autre mistral, le terrible vent du nord-ouest, se lève aussi et ce sera pour nous un rude adversaire jusqu’au soir. À 14 heures, nous partons. Tarascon, Beaucaire, Remoulin, le Pont-du-Gard, nous voici de nouveau en pleine fête. Le midi s’amuse. Insensibles aux délices des farandoles, nous gagnons aussi promptement que nous le permet l’affluence la route solitaire de Remoulin à Pont-Saint-Esprit.  »
Vélocio, «  Excursions des 3 et 4 avril  », 1904, Le Cycliste, mai 1904, p.65-69, Source Archives départementales de la Loire, cote PER1328_8

 LE COL DU ROUSSET À 8 HEURES DE SAINT-ÉTIENNE, 1905

«  Inutile de dire que n’ayant plus en perspective que du transport en pays plat ou à peine ondulé, j’avais repris le jeu de 7m, 40 ci-de 5m,30 et que, tantôt sur l’un tantôt sur l’autre de ces développements, je filai bon train.
Mais la nuit s’approchait, les routes étaient encombrées de promeneurs   ; ici c’était la vogue, là, on dansait sur la route, et dans ces conditions il est dangereux de vouloir passer quand même à grande allure, quand on est myope comme je le suis. Aussi, après Tournon mon allure tomba-t-elle tout à coup à 15 à l’heure et je n’arrivai à Andance (266 kilom.) qu’à 17 heures et demie. J’y passai la nuit et rentrai le lendemain matin en trois heures (54 kilom.), ayant en somme atteint mon but en démontrant que l’excursion du Vercors jusqu’au col du Rousset inclusivement, pouvait être rangée parmi les simples excursions dominicales de l’E. S. qui s’entendent avec départ à 2 ou 3 heures et rentrée à 17 ou 20 heures.
Et c’est une des plus attrayantes, soit que l’on choisisse comme point terminus le Villard-de-Lans, la forêt de Lente ou le col du Rousset.  »
Vélocio, «  Le Col du Rousset à 8 heures de Saint-Étienne  », Le Cycliste, août 1905, 142-146, Source Archives Départementales de la Loire, cote PER1328_8

 GIVORS LAUTARET, 1905

«  Malgré l’heure avancée, la route, après Sainte-Colombe, est encombrée de gens qui reviennent d’une fête où ils n’ont certes pas bu que de l’eau pure  : nous nous frayons difficilement un passage en essuyant maints quolibets. Enfin, dégagés, nous nous permettons encore du petit 20 à l’heure  ; plus n’est question d’avancer l’allumage, les moteurs en ont assez, les yeux se ferment et la lanterne elle-même clignote. Heureusement voici Givors, quelques tressauts sur de mauvais pavés et nous entrons dans la cour de la gare à 23 heures et demie, exactement 23 heures après en être sortis avec 380 kilomètres dans les jambes, sans fatigue anormale, puisque le lendemain chacun s’attelait à la besogne habituelle, prêt à recommencer dimanche suivant.  »
Vélocio, «  Givors col du Lautaret Givors 380 km en 23h  », Le Cycliste, 1905, p. 111 à 112, Source Archives Départementales de la Loire, cote PER1328_8

 RANDONNÉE PASCALE, 1912

«  Après Brignoles, où nous avons marqué un arrêt, tant pour boire un peu de café que pour essayer de réparer un ressort de selle que venait de casser mon compagnon, nous fûmes immobilisés par une assez longue réparation de pneumatique et, à Tourves, il nous fallut rester un bon quart d’heure, à voir passer une cavalcade, très réussie ma foi, pour un si mince village.
Il y avait déjà une demi-douzaine d’autos, arrêtées comme nous, et nous pûmes nous faufiler jusqu’à la première, dont le chauffeur, pressé et impatient de repartir, fumait de colère. Dix fois, il essaya de démarrer, dix fois, il dut rester tranquille. On ne le remarquait pas, et l’on ne voyait pas le moindre service d’ordre, mais les farandoles virevoltaient sur la route, autour des chars, des druides, des Gaulois, des mousquetaires  ; il y avait là, au moins, cinquante chevaux, et derrière le dernier char, en rangs pressés, tous les curieux venus de dix lieues à la ronde. On ne pouvait pourtant entrer là-dedans comme dans des moutons, et le chauffeur rageait toujours. Ce fut, pour nous, un des côtés les plus amusants du spectacle auquel le hasard nous forçait d’assister.
Tout finit, ici-bas, et la foule s’écoula  ; on partit, et, jusqu’à Saint-Maximin, nous eûmes à avaler la poussière des autos successivement libérées.  »
Vélocio, «  Randonnée pascale  », Le Cycliste, 1912, 72-80, Source Archives Départementales de la Loire, cote PER1328_12

 SAINTE-BAUME ET VENTOUX, 1913

«  Tout le monde, ce jour-là, à 30 kilomètres à la ronde, était censé aller à la fontaine de Vaucluse. Grand merci   ! Elle était bien, en effet, dans notre programme, mais du moment où c’est fête aujourd’hui autour de Pétrarque et Laure, nous n’avons qu’à fuir. Je me suis trouvé en un pareil jour de fête à la célèbre fontaine et j’ai juré qu’on ne me verrait plus en un tel tohu-bohu. Que de bruit, que de cris, que de disputes, quelle cohue  !  »
Vélocio, «  Sainte-Baume et Ventoux  », Le Cycliste, 1913, p.111-117, Source Archives Départementales de la Loire, cote PER1328_12

 HYGIÈNE ET PHILOSOPHIE, 1921

«  Je traverse bientôt Saint-Laurent-du-Pape, et me voici enfin, à 16 heures, à Beauchastel où je comptais me reposer tranquillement... Or, je tombe en pleine fête balladoire, baraques de foire, exhibitions diverses, dancing sous des tentes, fuite éperdue des danseuses en bas ajourés, souliers blancs et robes claires, cafés et restaurants bondés de consommateurs qui crient, qui chantent, maudissent le mauvais temps. Je ne pouvais certes pas tomber plus mal au point de vue de ma tranquillité, mais cette cohue va m’amuser et me faire trouver moins longues les deux heures moins un quart que je passe à Beauchastel, où je me leste simplement de pain et de fromage, une bouteille de bière et une tasse de café complètent le casse-croûte dont le prix, 2 fr. 25, m’a paru très modéré (hôtel du Commerce, recommandé).  »
Vélocio, «  Hygiène et philosophie  », Le Cycliste, 1921, p.37-42, Source Archives Départementales de la Loire, cote IJ871/3

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