Arles

mardi 2 août 2022, par velovi

La mère de Paul de Vivie, Marthe Roman, fille de serrurier, était originaire d’Arles. J. Champin dans ses investigations généalogiques a pu trouver une pièce d’archives qui faisait mention d’une famille Romani ou Roman, propriétaires-éleveurs en 1780 en Camargue (Cyclo-Magazine, mai 1942). Poujoulas évoquait dans un article le mas camarguais de la famille Roman à Gageron (Cyclo-Magazine, mars 1946). Paul de Vivie avait perdu sa mère enfant. Dans ses poèmes de jeunesse, des vers mélancoliques évoquaient cette perte. Dans sa bibliothèque, il conservait des recueils de poésie en langue française et provençale, publiés de 1880 à 1890, et des chansons d’un certain Dominique Roman, photographe à Arles. Il avait parfois rendez-vous dans sa famille maternelle. Arles fut ainsi une étape et un but fréquents de ses excursions vers le sud  : en 1889 et 1899 dans ses deux premières grandes excursions provençales, en 1900 dans une randonnée automnale... Le fait d’être attendu occasionna quelques arrivées rapides, en courant après la montre, le mistral de dos aussi.
Voici le résumé de la première grande excursion itinérante au pays du soleil de 1889  :

CHRONIQUE GÉNÉRALE, AOÛT 1889

L’excursion dans le Midi, dont le Cycliste du mois dernier indiquait brièvement l’itinéraire, a été faite le 14 juillet par MM. F. et Velocio  ; le récit en paraîtra sans doute dans le prochain numéro.
Partis de Saint-Étienne le 13 juillet, à midi, les excursionnistes étaient assaillis, dès Bourg-Argental, par l’orage qui ne les a plus quittés de la journée, si bien qu’arrivés à Tain à 6 heures et demie, en retard d’une heure sur leurs prévisions et la pluie continuant de plus belle et menaçant de durer jusqu’au lendemain, au lieu de voyager la nuit comme ils en avaient eu l’intention, ils ont pris le train jusqu’à Orange.
De là, le dimanche matin, ils ont filé sur Carpentras, Pernes, La Fontaine-de-Vaucluse, L’Isle-sur-Sorgues, où ils ont dîné à l’hôtel Pétrarque et Laure, puis sur Avignon, Remoulins et Le Pont-du-Gard.
Le lendemain, partis de Remoulins à 5 heures, ils passaient à Nîmes, puis à Lunel, et, pris d’une velléité de compliquer leur voyage, ils allaient du côté de Montpellier jusqu’à Valergues. Arrivés là, ils rebroussaient chemin sur Lunel, Aigues-Mortes et Le Grau-du-Roi, terme de leur voyage, où ils descendaient à une heure et où ils ont passé la soirée et la nuit.
Le mardi matin, ils sont rentrés par le train d’Aigues-Mortes à Arles, où les attendaient des parents et des amis, entre autres M. Mathieu, président du Velo-Club Arlésien.
Le soir à 5 heures, nos amis reprenaient la route sur Tarascon, Avignon et ils avaient encore tant d’ardeur (à ce qu’ils racontent) qu’ils seraient peut-être allés jusqu’à Paris sans désemparer, si une circonstance imprévue et très fâcheuse pour Velocio ne les avait contraints de s’arrêter à Barbentane où, entre parenthèses, ils ont reçu l’accueil le plus sympathique et les soins les plus dévoués chez M. Bonjean, au restaurant de la Gare.
Le voyage s’est terminé le mercredi, en chemin de fer de Barbentane à Saint-Étienne, sans autre péripétie.
Le Cycliste, 1889, p.206, Source Archives départementales de la Loire cote PER1328_1


Ici une étape familiale improvisée :

EXCURSION PASCALE DES 29, 30 ET 31 MARS, 1902

«  Il est 2 heures, je suis seul, le soleil est très chaud et le Mistral plus violent que jamais  ; je sais qu’après Valence des routes humides, et après Andance des routes boueuses m’attendent et que, par la route, il me sera impossible ans ces conditions, de rentrer avant mardi à midi. Je me décide à recourir aux bons offices du P.-L.-M., et redescends par le Paradou sur Fontvieille, visite en passant les ruines imposantes de l’abbaye de Montmajour, constate l’état déplorable de cette route, très fréquentée par les touristes, et je vais à Arles, passer quelques heures auprès de ma famille en attendant l’express qui me ramènera, dans la nuit même, à Saint-Étienne.  »
Vélocio, «  Excursion pascale des 29, 30 et 31 mars  », Le Cycliste, 1902, p.47-51

Et quelques arrivées à un train rapide  :

NOËL, 1904

«  Je continue, car l’on m’attend à Arles avant la nuit et je laisse mon pauvre rétroïste rentrer à Montélimar clopin-clopant  ; s’il est en effet facile de pédaler d’un seul pied en roue serve, cela ne l’est pas du tout en roue libre, et chacun sait qu’une R.-D. a forcément roue libre partout.
Donzère, Pierrelatte, Lapalud, La Croisière, puis trois villages qui se touchent presque, l’Arc-de-Triomphe, Orange où je me désaltère, Courthézon, Sorgues, Le Pontet, tout cela m’est familier comme les choses vues souvent et sous différents aspects, et j’entre à 14 heures en Avignon où j’ai toujours quelque peine à trouver la route de Tarascon.
Mon ami A., de Beaucaire, demi-siècle comme moi, encore un rétroïste fervent et convaincu, ne doit pas être loin  ; je lui avais annoncé mon passage et je le sais d’une exactitude à faire pâlir celle du monarque qui dit un jour que l’exactitude est la politesse des rois.
Je n’avais pas fait un kilomètre que je le rencontre, et comme il me croit pressé, le voilà qui se met à me mener un train des plus sérieux pour un homme qui a déjà 220 kilomètres dans les tibias. Mon soléaire droit toujours faiblard en gémit et je suis, bien qu’il en coûte un peu à mon amour-propre, forcé de parler de modération  ; du 24/25 à l’heure me suffit. Fâcheux vraiment que mon jeune rétroïste lyonnais ne soit plus là  ; il verrait que les demi-siècles savent encore pédaler. A. n’a pas moins de 7 m. 40 et 60 tours ne lui pèsent pas une once  : en une heure nous passons d’Avignon à Tarascon, où une halte chez un autre rétroïste me fait un agréable intermède. La rétro-directe est très en faveur ici à cause du mistral, plus terrible qu’une rampe à 5, quand il vous souffle au visage.
À peine 17 kilomètres d’excellente route me séparent du but et la nuit est encore loin, on peut flâner.
Celui-là m’aurait grandement étonné qui m’eût prédit, il y a seulement dix ans, que je pourrais, à plus de cinquante ans, aller, sans fatigue pour ainsi dire, de Saint-Étienne à Arles en une petite journée et sans avoir besoin de manger autre chose que quelques croûtes de pain arrosées d’eau.  »
Vélocio, «  Randonnées hivernales (Noël)  », Le Cycliste, 1904, p.32-36, Source Archives Départementales de la Loire, cote PER1328_8

NOËL AU SOLEIL, 1905

«  Au sommet des Alpines, au moment où nous allons jouer de la roue libre, une des motosacoches a un rat et se fait attendre vingt minutes au bas de la côte.
Mais l’autre motosacoche, celle du docteur R., n’a pas de rat, elle  ; de Saint-Gabriel à Arles, elle nous mène un train de 35 à l’heure que M. D. et moi n’arrivons à suivre qu’en y allant d’une suée que je n’ose qualifier d’hygiénique tant elle fut excessive. Songez donc qu’il me fallut pendant dix kilomètres tourner à cent tours avec les six mètres de mon plus grand développement  ; mes manivelles courtes (155 m/m) m’étaient pour cela très favorables, et j’admirais mon compagnon tournant à 90 tours avec 6m,60 et des manivelles de 180. Entraînés dans le sillage de la moto, l’effort à faire sur les pédales n’était pas grand  ; je n’eus même pas recours à mes poignées basses, et si l’on avait chaud, c’était à cause de la trop rapide cadence.
L’allure se calma un peu en arrivant à Arles, mais nous fîmes notre entrée sur Les Lices à 30 à l’heure  ; il était 16 h. ½.
Notre groupe était réduit à une quadrette  ; trois Marseillais nous avaient quittés à Maussanne et M. A. à Saint-Gabriel. Nous passâmes la soirée très agréablement, et après avoir beaucoup parlé motocyclette, j’entretins mes amis d’un nouvel outil de locomotion que je compte lancer en 1906 sous le titre  : Cent ans après. Ils en rirent beaucoup, mais les quolibets ne me désarment pas et la podocyclette viendra, un jour ou l’autre, combler une lacune.  »
Vélocio, «  Noël au soleil  », Le Cycliste, décembre 1905, Page 224 à 230, Source Archives Départementales de la Loire, cote PER1328_8

EXCURSION PASCALE, 1905

«  Le mistral de plus en plus violent ne nous contrarie pourtant pas régulièrement, et parfois même il nous pousse  ; en moins d’une heure nous expédions les 17 ou 18 kilomètres de Carcès à Brignoles où je garnis mes sacs d’oranges et de gâteaux. Il est 10 heures  ; 135 kilomètres me séparent d’Arles où j’ai promis de me trouver à 19 heures  ; ce qui ne serait qu’un jeu en temps ordinaire va devenir une rude corvée à cause du terrible vent de nord-ouest contre lequel je vais avoir à lutter sans trêve ni merci  »
Vélocio, «  Excursion pascale  », Le Cycliste, avril 1905, p.66-74, Source Archives Départementales de la Loire, cote PER1328_8

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